INT : Grand collapse

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Grand collapse, c’est du punk aux influences multiples, avec des anciens Bring to ruin dedans. C’est ce qui m’a d’abord aiguillé vers eux. Puis j’ai chopé leur super 1er album « Far from the callous crowd ». On a joué ensemble à Paris et s’en est suivi une bonne heure de discussion sur le punk, les langues minoritaires, le Brexit, etc. Du coup je me suis dis qu’il fallait faire une interview. Calvin le chanteur a bien voulu répondre et voilà ! ( Interview par Numa (Litovsk) )


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Grand collapse – Steve Cotton

Numa[Nm] : Grand collapse c’est qui ? Où êtes vous basés ?

Grand collapse [GC] : Moi c’est Cal et je chante, Glenn fait la batterie, John à la guitare et Dai à la basse. On est basés à Cardiff, Pays de Galles.

[Nm] : Pourquoi le nom Grand Collapse ? (« grand collapse » en français ça donne le grand bouleversement, un truc du genre)

[GC] : C’est une référence à un titre de Good Riddance – un groupe punk US – « Yesterday’s headlines » sur la chute continue du capitalisme occidental.

[Nm] : Quand le groupe a-t-il  commencé ?

[GC] : En 2011, mais avant ça nous étions tout les quatre actifs dans d’autres groupes comme REJECTED, BRING TO RUIN, FOUR LETTER WORD et THREAT MANIFESTO parmi d’autres.

[Nm] : Quand avez vous découvert le punk ?

[GC] : Mon père chantait dans ICONS OF FILTH dans les années 80, alors j’ai grandi avec le punk rock et la musique politique. Très jeune j’adorais THE CLASH et THE RAMONES et j’ai commencé à écouter des sons plus hardcore ou anarchistes. Ado j’étais obsédé par CRASS!

[Nm] : Comment se porte la « scène » punk au Pays de Galles? J’ai entendu parler de squat à Cardiff mais j’en sais pas plus. Est-ce que cette scène est connectée au reste du Royaume-Uni ? Comment ça se passe en comparaison aux jours « glorieux » de groupes gallois comme THE PARTISANS, ANREFHN ou ICONS OF FILTH ?

[GC] : À Vrai dire j’habite Bristol depuis 7 ans maintenant. Il ne se passait pas grand-chose à Cardiff quand j’étais plus jeune et du coup je me suis barré dans une ville où il semblait se passer plus de trucs.
Le gros problème c’est le manque de lieux, bars ou squats ou autres. À Newport il y avait un endroit légendaire le TJ’s qui a fermé il y a 6 ans, ça a plus ou moins tué la scène là bas. Des groupes commencent à passer par là et il y a de l’activité, mais quand j’étais plus jeune c’était pas le cas.

Ces groupes que tu mentionnais sont très vieux et oui j’ai entendu pas mal d’histoires sur cette période avec mon père qui était actif dans les années 80. Le groupe THE OPPRESSED vient aussi de Cardiff et de ce que j’ai pu comprendre, contrairement au reste du pays, il y avait à Cardiff une unité entre les skins et les punks.

[Nm] : Pour faire un rapprochement avec la Bretagne et les langues minoritaires, je voulais vous demander quel était votre lien avec le gallois ? Comment vous sentez-vous par rapport à la répression linguistique qui a eu lieu chez vous, en Bretagne et dans beaucoup d’autres endroits ? Est ce que vous trouvez ça important de se battre pour garder la langue vivante et de faire comprendre que ce n’est pas forcément un combat nationaliste ?

[GC] :  Je parle gallois, une langue maintenant minoritaire mais qui il y a 20 ans a connu une renaissance assez fulgurante. Je pense que cette renaissance et la préservation de la langue en général est importante car la langue est souvent la facette la plus identifiable du caractère ou de la personnalité des gens. C’est quelque chose de vrai, pas comme les drapeaux, cette image d’Épinal qui ne veut rien dire et tout ces symboles qu’on voudrait nous faire avaler. Je suis à l’opposé du nationalisme mais j’aime la diversité linguistique.

[Nm] : De quoi causent les textes ?

[GC] : De plein de choses différentes: de la foire aux armes DSEI, de mon procès contre l’agence des frontières du Royaume Uni, la violence conjugale, le fait d’être anxieux dans l’abri de bus le matin… Le titre du prochain album et de la chanson « Along the dew » (« Avec la brume ») est une histoire fictionnelle d’un chasseur bourgeois tombant de son cheval dans la neige se retrouvant encerclé par les créatures des bois venus se venger.

[Nm] : La première fois que j’ai tenté de décrire votre musique j’ai dit: quand Conflict rencontre Dag nasty et font des riffs thrash metal. Ça vous va comme description ?

[GC] : C’est plutôt cool si ça t’évoque ça ! On a un lien avec Conflict vu qu’on a aussi tourné avec eux.
Je dirais que c’est un mix de hardcore et de thrash. On a essayé d’écrire des morceaux lents mais on accélère toujours à la fin. Haha !

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Grand collapse – Steve Cotton

[Nm] : Ce que je trouve intéressant est que votre musique n’est pas du tout guidée par le diktat des modes musicales dans le punk et c’est plutôt rafraîchissant. Que pensez-vous des modes récentes dans le punk comme la oi !, le post punk et des magazines comme Noisey qui essayent de se faire du blé avec notre culture ?

[GC] : Merde, en vrai j’y fais pas trop gaffe. On n’a jamais essayé de rentrer dans une catégorie. On essaye juste d’écrire des chansons qu’on trouve cool et si les gens adhèrent c’est chouette. Je pense que certains genres musicaux varient en terme de popularité, ça fluctue, ça vient ça repart.

[Nm] : C’est quoi vos meilleurs moments avec le groupe, en tournée par exemple ?

[GC] : Y a 1 an on a tourné aux USA, de la Californie jusqu’au Texas. Il faisait méga chaud mais c’était très drôle. On a causé une baston à San Antonio avec un groupe qui avait une tête de vache (une vraie!) sur scène. Ça a dégénéré en chaos total et je sais toujours pas comment on s’en est sorti !
On aussi joué à The Observatory à orange County, une salle énorme avec un backstage de la taille des salles où on joue d’habitude. Un voyage bien marrant au final !

[Nm] : Qu’est ce que vous diriez aux gens qui pensent que « le punk est mort ! » ou peut être que oui, il est mort, mais j’hésite toujours des fois et je me dis « c’est clair il bien mort le punk ! ». Mais quand je vois d’autres choses et ce qu’on fait je me dis, « ben non il est bien vivant ! » ???

[GC] : Je pense qu’il est bien vivant et que ça envoie à l’heure actuelle. Après y a un million de sous genres de punk alors j’en sais rien dans le fond. Parfois les gens qui ont la mentalité punk 77 et restent coincés là dedans me font grincer, parce que la dégaine et le reste était un produit de cette époque et de cet endroit. Après il y a une nouvelle ère avec pleins de jeunes qui emmènent le punk à un autre niveau et produisent des trucs de dingues. Mais je comprends aussi ce que tu ressens, parfois je me dis « c’est quoi l’intérêt de tout ça ? » et juste après j’ai cet éclair de joie à un concert, ou en écoutant une chanson et je me dis « oh yes ! ».

[Nm] : Que penses-tu de la situation politique actuelle chez vous ?

[GC] : Je ne vais pas commencer à en parler maintenant parce que j’y serais encore demain matin!

[Nm] : J’ai vu récemment l’émergence de nouveaux endroits d.i.y où jouer au Royaume-Uni. Est-ce une nouvelle vague ? Car sur le continent le RU a très mauvaise réputation concernant les tournées. Éclaire-nous là dessus !

[GC] : Il y a quelques nouveaux endroits qui ont ouvert ces dernières années à Leeds, Sheffield, Londres; des endroits gérés par des punks et il faut espérer que ce courant grandisse ! Le 1 in 12 à Bradford est là depuis des lustres et constitue un bel exemple de ce qui est possible de faire.
Je sais que sur le continent il est possible de trouver ce type d’endroit partout ou presque mais chez nous c’est rare.
On a bien halluciné sur notre première tournée en Europe quand on a vu l’hospitalité et l’accueil des gens qui organisaient les concerts. Ici la plupart des concerts ont lieu dans des pubs ou des clubs avec des couvre feux tôt et des boissons chères, ce qui craint pas mal…

[Nm] : D’un autre côté au cours de mes voyages chez vous j’ai été impressionné par l’ouverture d’esprit musicale, par le mélange entre les punks, la techno, le reggae, la folk. C’est moi qui fantasme ou c’est dû à votre histoire contre culturelle très forte ?

[GC] : Le punk et les rave party ont définitivement un lien, puisque ce sont des mouvements de marginaux, d.i.y et hors la loi. Beaucoup de gens qui ont organisé des concerts punk ont aussi organisé des « free party’s » ou des raves dans les squats. L’attitude est la même.

[Nm] : C’est quoi le futur pour le groupe ?

[GC] : On vient de sortir un album Along the dew. On en est contents et on espère qu’il sera bien  reçu. Il est sorti en CD et en vynil chez TNS records et Ruin nation. Vous pouvez le télécharger sur notre Bandcamp gratos. Et des concerts bien-sûr!

[Nm] : Et le mot de la fin ?

[GC] : Diolch yn fawr! (trugarez ou merci beaucoup en gallois d’après mes recherches mais j’en suis pas du tout sure haha!)

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