Causerie avec Syndrome 81

Syndrome 81

Affiche de l'AIM Fest' 2017 à ParisFranchement, le groupe que je venais voir sur scène lors de la 2nde soirée du festival de l’A.I.M, c’était Syndrôme 81. L’équipe qui organisait le festival était parvenu à trouver une salle un peu à l’arrache. La veille, les habitants de la Petite Maison (Squat du 11ème à Paris) avaient dû demander aux organisateurs du fest’ de trouver une autre salle pour leur deuxième soirée. Car après des ennuis survenus vers la fin de la première soirée du fest’ avec la police, le lieu est menacé de fermeture. Bref, après un moment d’incertitude, et surtout grâce à l’opiniâtreté de l’orga, les groupes purent malgré tout jouer au hangar de Montreuil. J’ai raté les parisiens de All This Mess dont on m’a dit le plus grand bien, et suis arrivée pour le début du set des Lillois de Grabuge dont le punk rock sombre m’a beaucoup plu, un groupe à suivre. Il y avait là bon nombre de sympathiques Bordelais, venus soutenir Retrograd, qui a balancé un son très influencé par Opcio K 95, le tout en Catalan. La tête d’affiche tout droit venu du bout du monde Breton nous en a bien vite mis plein les esgourdes. Les Brestois de Syndrôme 81 envoient un punk rock ultra efficace, et font la synthèse du Hard-Core, de la Oi! et du Post-Punk. Un son très actuel et qui fonctionne vraiment bien. D’où mon envie de les faire causer pour savoir s’ils sont aussi intéressant que leur musique. Sans chauvinisme outrancier, la Bretagne fourmille de bons groupes, et les membres de Syndrôme 81 n’en sont pas à leur galop d’essai. Je voulais donc savoir comment ils se positionnent dans cette scène dont les lignes sont toujours en mouvement, sans cesse redéfinies, c’est chose faite.

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Çà cause littérature et culture subversive avec Syndrome 81

Fab, le chanteur

Solen (Abloc) : Salut, pourriez-vous vous présenter et nous dire quand et comment vous avez crée Syndrome 81 ?

Fab : J’ai tanné Jacky pour qu’on fasse un groupe de fast hardcore par internet quand j’étais en exil à Nice. Timmy devait dépanner à la batterie mais il n’était pas dispo sur Brest pour enregistrer les morceaux, alors Jacky a recomposé en 2012/2013 des morceaux plus mid-tempo en se disant qu’il pourrait faire les parties batteries lui-même. Du coup on est parti sur un projet influencé par Criminal Damage, Blitz, Negative Approach mais à la française, quitte à faire un projet pour le fun, autant expérimenter car le groupe n’avait pas vocation à jouer initialement. Finalement quand la démo est sortie, à l’automne 2013, moi je suis arrivé à Rouen et on s’est dit pourquoi pas en faire un vrai groupe. On a alors proposé à des gens qu’on connaît depuis des années sur Brest de se joindre à nous. Au final, il y a Timmy à la batterie, qui a finalement enregistré les parties batterie sur la démo, Jacky à la basse, moi au chant et Mitch et Dam aux guitares.

S. (Abloc) : Vos reprises impeccables de Blitz et Negative Approach résument assez bien votre musique. Mais vous avez ajoutez à ce punk rock teinté de Hard-Core des lignes de guitare post-punk, comme sur Seul contre Tous, Chaque Jour, ou le très New Wave Pulsions Electriques. Comment en êtes-vous arrivés à ce style bien particulier ?

Jacky : Après la démo, je voulais faire des morceaux un peu plus personnels, qui se détachent de nos influences, le déclic est venue de la composition du morceau Recouvrance, je voulais composer plus de morceaux dans cette veine, un truc minimaliste rythmiquement avec des mélodies froides et tristes. Pulsions électriques est une expérimentation, Jérémy du label Build Me A Bomb, nous a proposé de faire un single 45T, avec pour face B un morceau différent de notre son habituel. J’ai vraiment aimé travailler dessus, du coup ce n’est pas impossible qu’on explore ce genre de sonorités dans un futur plus ou moins long.

S. (Abloc) : Dans vos textes, vous abordez des thèmes très personnels comme le spleen du quotidien, votre ville de Brest. Mais vous parlez aussi de la torture dans l’armée française, de la guerre des Balkans et vous avez récemment expliqué dans l’excellent fanzine de l’Aim section Paname que Traitre évoquait les Troubles en Irlande du Nord via Denis Donaldson. Cela m’a fait penser à Mon Traître de Sorj Chalandon, l’avez-vous lu ? Et comment passez-vous à l’écriture ?

Mon_traitre_Sorj_Chalandon
Mon traitre
Retour-a_Killybegs_Sorj_Chalandon
Retour à Killybegs

Fab : Ah, ça fait plaisir de pouvoir discuter avec des punks qui aiment la littérature ! Du coup j’ai été faire un tour sur votre webzine, c’est intéressant, pas mal de chroniques de livres et de BDs, dont le dernier Sorj Chalandon qui m’a d’ailleurs moyennement convaincu. Bref ce morceau est effectivement inspiré du diptyque irlandais de Sorj Chalandon Mon Traître et Retour à Killybegs. Les paroles du morceau ne rendent pas justice au livre, car je me place du point de vue des jusqu’au-boutistes de l’IRA, qui vont jusqu’au déni de l’être humain pour, soi-disant, défendre aveuglément leur cause. Et ces livres de Chalandon justement mettent en perspective la figure du traître; ces deux romans largement autobiographiques m’ont en effet beaucoup marqué. Encore une fois c’est une œuvre qui appelle au discernement. D’autres morceaux ont été inspiré par des livres :  L’Étourdissement de Joël Egloff, Le Feu Follet du sulfureux Drieu LaRochelle et les adaptations cinématographiques de Louis Malle et Joachim Trier, L’Hiver des Hommes de Lionel Duroy ou Une Exécution Ordinaire de Marc Dugain. Par contre je vous laisse retrouver lesquels…

Concernant l’écriture, j’écoute d’abord les morceaux et je vois ce qu’ils m’inspirent. Après j’ai quand même des notes avec des thèmes que je voudrais aborder, des idées, des petites phrases, des pensées, bref du matériel qui pourrait servir… Je bosse d’abord sur les refrains, un refrain qui marche c’est le point de départ pour moi. J’arrive jamais avec des textes complets car on discute beaucoup avec Jacky et il m’a foutu plus d’une fois la baraque en l’air.

Les paroles du morceau ne rendent pas justice au livre, car je me place du point de vue des jusqu’au-boutistes de l’IRA, qui vont jusqu’au déni de l’être humain pour, soi-disant, défendre aveuglément leur cause.

S. (Abloc) : Qui s’occupe de la création des vos pochettes et pourquoi cette récurrence du thème du pendu ?

Fabrice : On a utilisé le pendu sur la démo et l’ep Désert Urbain, et aussi pour le visuel d’un tee-shirt repris pour l’anthologie cassette il est vrai ! Ça fait beaucoup au final hahaha il est vrai. C’est juste qu’on a ces paroles sur un de nos premiers morceaux Recouvrance qui dit  » suicide balnéaire, suicide bord de mer, un pont pour potence « . Et on est une ville de marins, c’est un peu le poncif du tatouage de vieux loup de mer mais rassurez-vous on espère en avoir terminé avec ce motif !

On a beaucoup travaillé avec Vincent de All Cats Are Grey, il nous a fait trois visuels pour des tee-shirts et a réalisé la pochette du Désert Urbain et de l’anthologie LP Béton Nostalgie qui va sortir d’ici fin 2017. On se connaît depuis longtemps et Monsieur est devenu de plus en plus côté dans le petit monde du tatouage, il bosse dans le studio Biribi à Lyon pour info.
La pochette du repress de la démo avait été faite par Elsa Black Leaves qui fait de chouettes trucs aussi.

S. (Abloc) : Vous venez de Brest, une ville qui a vu naître des générations de groupes punks. C’est quoi, grandir à Brest, et qu’est-ce qui vous a amené à la musique et au milieu punk ?

Fab : Grandir à Brest c’est grandir à l’Ouest, c’est grandir loin de tout, alors ‘faut provoquer les choses car sinon on peut attendre longtemps pour que les choses viennent à nous. Alors ‘y a toujours eu des assos qui se sont bougées pour proposer des concerts et donc je suis tombé dedans grâce à des gens qui organisaient des trucs fin 90/début 2000, des assos comme Smashing Brains, Mamouth Family, Can I Scream ?…Et puis Brest a une histoire rock au sens large.

Grandir à Brest c’est grandir à l’Ouest, c’est grandir loin de tout, alors ‘faut provoquer les choses car sinon on peut attendre longtemps pour que les choses viennent à nous.

Mitch : Quand tu découvres le punk et que tu te rends compte que c’est la musique qui te parle, la première chose que tu veux faire c’est monter un groupe. Et petit à petit tu te rends compte qu’il ne s’agit pas seulement de musique mais qu’il y a tout un tas de valeurs qui te parlent, qui t’éveillent l’esprit et que tu veux faire vivre. Donc c’est tout bénéf’. Et puis tu te rends compte aussi qu’il y a eu pleins de groupes punks dans ta ville auparavant. Donc c’est plutôt chouette. Surtout quand tu parles avec les anciens punks.

Malheureusement, j’ai l’impression que les nouvelles générations osent moins se lancer et créer leur groupe, organiser des concerts. Ils restent un peu de spectateurs. Espérons que ça bouge.

Quant à Brest, il y sûrement plusieurs raisons qui en font une ville propice au développement d’une scène punk. Tout d’abord le fait que ce soit une ville prolétaire. Beaucoup de vieux rockers ont vu dans la musique une alternative au fait aller travailler à l’arsenal. Il y avait aussi la proximité avec l’Angleterre. Beaucoup faisaient le trajet jusqu’à Londres à l’époque, ramenaient des disques et essayaient de reproduire ça ici avec leurs groupes. Et l’architecture atypique de la ville et son climat ajoutent peut-être quelque chose aussi.

Pour notre génération, j’aurais plus de mal à expliquer ça. Il y a 15 ans, il y a eu un tas de jeunes qui étaient là, il y avait pleins de concerts et de groupes… Mais je n’ai pas trop d’explications.

Dam : Pour répondre à Mitch, je dirais que pour notre génération ça s’explique par l’explosion il y a 15-20 ans du punk rock californien, Offspring passait sur les radios mainstream, en parallèle il y avait le neo-metal qui marchait à fond. Plein de groupes dans ces styles se sont créés à cette époque-là, c’était des groupes de lycéens pour beaucoup d’ailleurs, ce qui faisait que tous les potes des groupes se ramenaient aux concerts. C’est moins le cas maintenant, espérons que ça se renouvelle prochainement…

Et petit à petit tu te rends compte qu’il ne s’agit pas seulement de musique
mais qu’il y a tout un tas de valeurs qui te parlent,
qui t’éveillent l’esprit et que tu veux faire vivre. Donc c’est tout bénéf’.

S. (Abloc) : Il me semble que là-bas aussi la scène soit assez restreinte. A Paris, la nécessité fait qu’il n’est pas rare de prendre part à deux ou trois groupes de front. Êtes-vous actifs dans d’autres groupes ou avez-vous d’autres projets musicaux en route ? Comment gérez-vous ça ?

Dam : Jacky et moi jouons dans Coupe Gorge, c’est du hardcore chanté en français. On a tourné un petit peu, dont une dizaine de date avec Syndrome 81. Là on est en train de terminer l’enregistrement d’un EP. On est moins sollicité qu’avec Syndrome 81 mais on essaye quand même de jouer régulièrement, on a pour projet de faire une tournée vers l’Europe de l’Est/Balkans en 2018.

Fab : J’ai monté un groupe de D-Beat/Hardcore avec Nico de Destructure Records en arrivant en Normandie. Je m’étais dit que ça serait cool de faire un groupe de répét, car avec Syndrome c’est à distance ! Une fois que Nico était chaud et dispo il a fallu qu’il déménage sur Nantes et me voilà reparti sur un groupe à distance ! Mais c’est cool, on a trouvé un bon line-up avec de chic types… Du coup ce groupe, Marée Noire, est un projet secondaire car Nico joue dans Exhaustion et Bleakness, Nanar dans Better Off Dead, Tu Brüles Mon Esprit et Grosse Charge, Rémi dans Watertank et d’autres trucs d’artistes ! Et on est dispersé entre Rouen, Nantes et Angers, ça n’aide pas ! Mais on a quelques concerts de prévu et notre démo est sortie en septembre 2017.

Mitch : Je joue aussi dans Litovsk. On peut qualifier ça de post punk. Là il y a un nouveau LP en cours de mixage, un split avec Douche Froide et un single pour Build Me A Bomb qui sortiront dans un avenir plus ou moins proche. Et je joue dans Secteur Pavé, un autre projet punk. Il y a un LP qui va sortir aussi.

Jacky : je joue avec Damien dans Coupe Gorge, j’ai eu un groupe d’indie rock il y a quelques temps mais j’ai arrêté faute de temps, ça m’arrive aussi de dépanner des potes pour des remplacements. Sinon aussi j’enregistre des groupes, c’est pas un studio pro mais c’est un peu plus que du home studio, je n’enregistre quasiment que des trucs qui me plaisent ou des gens que j’aime bien. Je n’ai pas vraiment fait ça pour l’argent, j’essaye de garder mes tarifs le plus bas possible pour permettre aux groupes d’enregistrer dans de bonnes conditions sans se ruiner. Sinon je travaille sur deux projets musicaux mais on est encore au stade des maquettes du coup je ne peux pas vraiment en dire plus.

S. (Abloc) : Enfin la question qui fâche. Vous apparaissez sur la compilation « La Force dans la Oi ! Volume 2 » (Quel titre !) aux cotés, entre autres, de Rixe. Or Numa, de Litovsk, a écrit une tribune très juste sur le Revival Oi ! et son essor dans la scène punk (parue dans Maximum Rock’n’roll et qu’on peut lire dans Abloc !). Il y fustige à juste titre le patriotisme de certains groupes comme Rixe, et rappelle la nécessité d’un positionnement sans compromis face au retour en grâce « de groupes RAC, des groupes de fachos, de racistes ». Alors qu’en dites-vous ?

Mitch : Le fait de se lancer dans une musique avec une teinte Oi!  implique en effet d’avancer plus à tâtons que dans la scène HardCore par exemple.  Donc on essaie de faire gaffe dans nos choix (labels, orgas) pour respecter nos convictions et ne pas être assimilés à des courants qui ne nous parlent pas.

Alors, évidemment nous refusons de jouer avec des groupes aux attitudes douteuses. Et tenir des propos prônant le patriotisme fait partie de ces attitudes pour nous.

Là où c’est plus délicat c’est que ce nouvel attrait pour la Oi!, notamment de la part de personnes qui ne connaissent pas les codes liés à cette scène, amène à des maladresses (d’où la nécessité d’un texte comme celui de Manu). Je trouve ça évidemment chouette que les américains, par exemple, s’intéressent et apprécient ce qui se passe ici. Mais j’ai parfois l’impression qu’ils se sont créés tout un imaginaire autour de la Oi! 80 en France. Ça les fait vibrer, mais difficile pour eux (ou pas) de comprendre qu’on est loin de la réalité, qu’au fond c’était pas glorieux. Certains groupes actuels ont décidé de jouer cette carte là à fond dans l’imagerie, la musique et finalement des textes allant dans la provoc patriote. Ça doit sûrement faire frissonner les amis américains friands de tough guys et de paroles sulfureuses mais ça passe forcément moins ici, les gens sont moins dupes. On doit être ici plus attachés à une certaine authenticité et moins dans l’imaginaire. Dans Syndrome 81, personne ne s’est encore (volontairement) rasé le crâne pour jouer les durs ou correspondre à l’image qu’on pourrait attendre de nous. Le fait de rester nous-même nous évite de sauter à pieds joints dans les travers d’une culture dont une partie des codes ne nous intéressent pas vraiment. Je pense aussi que les américains n’ont pas le même rapport avec la politique et la musique qu’ici.

Nous avons fait quelques incursions dans la scène oi « traditionnelle » et avons pu voir à quoi ça ressemblait. Perso ça ne m’éclate pas des masses. Mais plutôt parce que ne suis pas en phase  avec tout le délire rétro et que j’ai du mal à voir le côté subversif de ce mouvement aujourd’hui. Néanmoins je trouve important d’être réaliste et de ne pas être regardant uniquement sur cette scène là, car c’est le meilleur moyen d’oublier les comportements et idées merdiques qui vont au-delà du racisme et qui existent aussi dans les milieux dans lesquels nous évoluons.

Bref, ce qui m’intéresse personnellement c’est de savoir que le punk, la oi ou n’importe quelle autre musique issue d’une contre-culture reste subversive, ai du sens dans le contexte, au moment où elle est jouée, qu’elle réponde à quelque chose. Qu’on ne soit pas juste dans le concept.

ce qui m’intéresse personnellement c’est de savoir que le punk, la oi ou n’importe quelle autre musique issue d’une contre-culture reste subversive, ai du sens dans le contexte, au moment où elle est jouée, qu’elle réponde à quelque chose. Qu’on ne soit pas juste dans le concept.

Je trouve bien aussi d’aborder des questions politiques en ne chantant pas uniquement des slogans mais via des textes plus subtils (qui pour le coup font d’avantage travailler l’imaginaire, hé hé).

Du coup le texte de Numa est vraiment chouette et était nécessaire. Bon, quand on voit la réponse de l’un des rédacteurs de MRR (à qui s’adresse en partie au texte de Manu), on déchante un peu et on se dit que c’est pas gagné.

Fab : Après je ne pense pas que Rixe soit à proprement parlé un groupe patriote. Ils ont en effet un morceau où ils sortent en gros « mon cœur bat toujours en France », le genre de paroles que je ne me sentirai pas d’écrire, on en a discuté deux secondes avec Max de Rixe, il pense que ça a été mal interprété. Après certains membres de Rixe jouent dans d’autres groupes plus typés oi ! et en effet ça semble faire partie du folklore de sortir le drapeau « bleu blanc rouge », folklore que je ne comprends pas et n’approuve pas. Mais comme dit Mitch la scène skinhead/oi ! il y a des codes qui nous échappent. Nous, venant plus de la scène DIY hardcore/punk on était un peu candide là-dessus, et on n’était pas initialement favorable à pratiquer l’entre-soi en restant jouer pour les mêmes orgas,  donc on a côtoyé la scène oi ! avec de bonnes et de moins bonnes rencontres. Et c’est vrai que Rixe cristallise beaucoup de tensions en France, sur la perméabilité entre la scène DIY Hardcore/Punk et la scène oi !/skinhead. Et du coup j’ai relu la lettre ouverte de Manu et c’est plus ça qu’il pointe, je n’ai pas l’impression qu’il fustige Rixe et les traite de patriote. Il est plus question de la dépolitisation de la scène DIY et sur ce qu’on peut tolérer. Mais en tous cas j’ai trouvé sa lettre très bien. Ce que j’en dis c’est que moi je sais où je me place, je sais où se place mes potes, je sais les choses que je veux inculquer à ma fille, et ça ne sera clairement pas l’amour du drapeau et d’Emmanuel Macron…Après moi je ne pratique pas assidûment la chasse aux sorcières, donc je ne saurai même pas te citer de groupes RAC. Honnêtement dans la scène DIY, il y a sûrement des gens plus que limite mais on ne le sait pas, tout comme certains groupes affichés Anti-Fa, sont en fait de véritables craignos, bref très dur d’effectuer une purge. Derrière le mot « punk » chacun se fait sa propre conception et c’est ça qui est très difficile par moment. Je conclurai donc en citant JAWBREAKER « Who’s punk ? What’s the score ? » et WORLD BURNS TO DEATH « Punks wrapped in fucking flags, I’d like to wrap you up in body bags ».

Ce que j’en dis c’est que moi je sais où je me place, je sais où se place mes potes, je sais les choses que je veux inculquer à ma fille, et ça ne sera clairement pas l’amour du drapeau et d’Emmanuel Macron…

Dam : On a tous un avis à peu près semblable sur la question et c’est vrai que le patriotisme ça ne nous parle pas. Et même si je comprends très bien qu’il faille se positionner en tant que groupe considéré comme oi ! (même si nous ne nous considérons pas comme tel), je pense que c’est très compliqué d’être parfaitement exemplaire. Fab parlait de chasse aux sorcières, et oui j’ai l’impression que ça s’apparente à ça parfois, chercher toutes les infos de tel ou tel groupe, de qui pense quoi, qui a eu un certain passé, qui fréquente qui, etc… Par exemple, en allant dans ce sens, je pourrais me demander pourquoi Agnostic Front est chroniqué dans Abloc. C’est un groupe d’anciens skins, pas réputé pour être des gauchistes, qui a sorti un split avec Discipline et qui porte fièrement le drapeau américain. Je reconnais que le patriotisme aux USA n’a pas les mêmes caractéristiques qu’en France mais pourquoi ce groupe serait-il plus respectable que Rixe ou au hasard Cock Sparrer, Cockney Rejects ? Ou encore, quand je vois que Discharge, groupe emblématique et éminemment respectée  de la scène crust/anarcho-punk, n’a pas de problème à jouer au Punk & Disorderly avec des groupes qu’on pourrait qualifier de patriote, est-ce que ça fait de Discharge un groupe louche?  Je dis ça juste pour montrer que ce n’est pas simple de savoir où l’on fixe la limite. De notre côté, on fonctionne au cas par cas, ça donne lieu à quelques discussions ou l’on confronte nos points de vue et c’est intéressant d’ailleurs, on a peut-être fait quelques erreurs mais dans l’ensemble je pense qu’on a été honnêtes et respectables.

S. (Abloc) : Pour finir quels sont vos prochains projets pour Syndrome 81 ? Des projets?

Dam : On vient de sortir une discographie au format LP et cassette regroupant les 18 titres que l’on a enregistré depuis le début, on bosse sur un album qui on l’espère sortira en 2018. On prévoit une tournée US si nos dispos nous le permettent et sûrement des dates ici et là.

Merci pour l’interview et longue vie à Abloc !

Voilà l’une des nombreuses vidéo live de Syndrome 81 qui traînent sur internet. Le son est franchement crad mais on y retrouve bien l’énergie du groupe!