Voilà une belle découverte, je ne connaissais pas Mikaël, auteur, dessinateur et coloriste de BD et autodidacte.
Le sujet : l’histoire des ouvriers immigrés et autochtones, bâtisseurs de gratte-ciel et tout particulièrement celle de Giant l’irlandais.
Le contexte : le New York de 1932, encore secoué par la grande crise économique de 1929. Celle-ci est suggérée – et c’est très intelligent – par la voix off du célèbre chroniqueur radio Walter Winchell (1897 – 1972) qui rythme ici le scénario du premier tome (sur 2) de la Bd. A l’époque, le speaker accompagnait le réveil des New-yorkais de son bagou acerbe sur l’antenne de WJZ, . Ainsi, place est faite au personnage principal, un grand et sombre mastodonte irlandais qui assemble au marteau pneumatique les poutres métalliques du Rockefeller Center en construction. Le colosse n’est pas bavard et c’est suite à l’insistance du jeune Dan qui remplace l’ancien riveteur Ryan Murphy, mort accidenté, qu’il se dévoile peu à peu. Comme aujourd’hui sur les chantiers de France, du Qatar et d’ailleurs, la majorité des ouvriers du bâtiment sont des hommes seuls qui ont émigré pour subvenir aux besoins de leur famille. Et à qui ils envoient la plus grande partie de leur paye. Pas Giant. Pourtant, se faisant passer pour son collègue décédé, il entreprend une correspondance avec la veuve de celui-ci, à qui il envoie également de l’argent. Là apparait un deuxième décor, celui d’une Irlande du Nord qui se relève à peine de la guerre civile. Et là est la clé de l’énigme Giant.
Le dessin : assez classique mais très bien réalisé, détaillé et documenté, vous emportant sans discourir dans le New York des années 30. Celui qu’on imagine grâce aux polars américains. D’ailleurs, je trouve que cette BD, entre la voix off de la radio, la couleur sépia majoritaire, les planches où se succèdent des plans larges et des plans serrés sur le décor et les personnages, a un côté cinématographique. Bref, la grasse matinée de ce jour, fût plus que plaisante en compagnie de Giant.
Une petite déception quand même. Je ne savais pas que la photo des ouvriers assis sur une poutre métallique, surplombant New York et qui a inspiré la BD, était une commande publicitaire de M. Rockefeller. Je fais quoi maintenant, je décroche le poster..?