Créé par Robert E. HOWARD au début des années 1930, Conan le cimmérien est un personnage fictif incontournable et emblématique de l’heroic-fantasy, un genre littéraire qui présente des « récits héroïques dans un monde merveilleux ». Comme beaucoup d’autres, cette niche éditoriale de la pop-culture a ses amateurs inconditionnels, et c’est surement une des raisons pour laquelle les éditions Glénat ont décidé de le remettre au goût du jour en confiant une nouvelle adaptation en bande dessinée à des auteurs contemporains français. Prévue comme une série, plusieurs tomes sont en cours de publication avec des auteurs différents pour chacun d’eux, chaque livre pouvant se lire indépendamment des autres.
« Le colosse noir » est le deuxième opus de la série. Il met en images pour la seconde fois cette aventure de Conan ; la première version avait été dessinée par John Bucesma et scénarisée par Roy Thomas au milieu des années 70.
Comme pas mal de récits d’heroic-fantasy, le scénario est simple, percutant et efficace (surtout pour les fans du genre) ; testostérone, beuveries, sexe (sexisme ?) et bastons sont au rendez-vous ! Pour résumer l’intrigue, Conan est devenu mercenaire mais il s’ennuie faute de combats à mener. Désigné par une vision divine, la princesse du pays, où il séjourne, lui demande de prendre le commandement de son armée pour affronter un sorcier maléfique revenu du néant. Autant dire qu’on ne va pas faire dans la finesse pour sortir du chaos ! Les amateurs apprécieront, les autres découvriront ou subiront.
Le graphisme de Thomas Toulhoat est plutôt réaliste (sous réserve que les mâles soient quasiment tous bodybuildés et que les femmes aient des mensurations canoniques) et le montage des planches est assez dynamique, avec des angles de vue divers et variés, ainsi que enchainements et superpositions de cases audacieux. A noter que Vincent Brugeas, qui signe l’adaptation du scénario, et Ronan Toulhoat ont déjà une habitude de travail en commun, puisqu’ils ont déjà publié plusieurs ouvrages ensemble (« Block 109 » aux éditions Akiléos notamment, et l’excellent polar médiéval « Le Roy des Ribauds » paru aux mêmes éditions en trois tomes actuellement).
La mise en couleurs est assez réussie à mon goût ; les couleurs dominantes allant de l’ocre (couleur du désert et du bâti) au rouge (couleur du sang et de la fureur des combats), en passant par le bleu turquoise (couleur princière de cette version). Les dialogues sont assez convenus et plutôt laconiques, mais, dans ce genre littéraire, l’action prime souvent au détriment du verbiage. Point de blah-blah, seul le résultat compte !
Cette adaptation est relativement bien réussie et ne trahit pas l’esprit et les codes du genre ; néanmoins, j’avoue avoir eu une petite gêne quant au faciès de Conan dans cette nouvelle adaptation. Ayant été très marqué par les interprétations graphiques de John Bucesma et Frank Frazetta, j’ai du mal à concevoir Conan avec un petit nez droit tout fin, comme c’est le cas ici. C’est peut-être un détail pour vous, mais, après tous les combats menés et les bagarres suscitées, Conan a forcément eu des fractures du nez, ce qui se vérifie chez Buscesma et Frazetta (entre autres), mais pas chez Toulhoat ! Enfin bon…
La première édition de ce tome 2 chez Glénat inclut un cahier bonus de 8 pages présentant un texte (à propos des éditions WEIRD TALES et du colosse noir) de Patrice Louinet (directeur de la collection avec Jean-David Morvan) ainsi que des illustrations « pleine page » réalisées par d’autres auteurs sur le thème de Conan.
Il va sans dire que ce « Colosse noir » s’adresse principalement aux adultes et autres personnes averties.