ITW – La Marmite

Concert au Balto | La Marmite - Photo: Raphaël Rinaldi

LA MARMITE  s’est  produit le 29 Avril 2023 à Montreuil dans un bar de quartier bondé, Le Balto. Le public littéralement en transe chantait à l’unisson les textes du groupe.
L’interview a été réalisée le lendemain du concert à Montreuil.

La Marmite est issue de la mouvance électro punk belge. Le groupe est composé de Maxime à la guitare et voix, Esgibt aux machines, claviers et voix, Rman à la guitare. À Montreuil, c’est en duo qu’ils se sont produits, à savoir Maxime et Esgibt.

>> François Marin : Depuis combien de temps existe La Marmite ?

Maxime : La Marmite est née sur les cendres d’autres groupes que j’ai formés à la sortie tardive de l’adolescence. La Marmite porte le blaze depuis 2005. À l’origine il y avait un duo de guitares et une boîte à rythmes. En 2012 le groupe a évolué avec le partenariat dynamique et efficace d’Esgibt qui a apporté une autre couleur avec ses synthés. Nous avons pris un tournant plus électro à partir de ce moment là.

>> FM : Pourquoi ce nom La Marmite ?

Maxime  : Il fallait un nom. On a choisi ce nom car les références nous plaisaient.

  • La marmite à renversement.
  • La marmite remplie de dynamite.
  • La marmite qu’on renverse.

Esgibt : L’origine de l’expression « renverser la marmite » est un peu obscure dans ses origines.  Ce serait lié à des mutineries. Pour nous il y a l’idée de la marmite que l’on renverse et que l’on remplit à nouveau pour s’asseoir autour.

Concert au Balto | La Marmite - Photo: Raphaël Rinaldi
Concert au Balto | La Marmite – Photo: Raphaël Rinaldi

>> FM : Quelles sont les influences musicales de La Marmite ?

Maxime : Tout ce qui vient du rock’n’roll et de la veine Bérurier Noir. Et puis la chanson française. On essaie de garder le côté chanson dans notre musique.

>> FM : Chanson française rive gauche ?

Esgibt : La chanson populaire et la chanson réaliste, la chanson contestataire, la chanson révolutionnaire. C’est un spectre assez large, c’est cela qui nous réunit. L’orchestration, les arrangements, sont aussi liés à une certaine révolte  avec  l’esprit DIY (do it yourself) qui vient du punk.
Pour nous, cela veut dire que l’on peut se lancer à écrire des chansons avec des machines et fusionner toutes nos influences. J’ai grandi dans le dark électro, la new wave qui était très dominante en Belgique, avec en même temps une oreille attentive sur Devo par exemple qui sont très second degré. Kraftwerk évidemment. J’adore l’esprit robotique recyclé dans tout ce mic mac.

>> FM : La Marmite, enfants de la peinture surréaliste belge ?

Maxime : Houlà ! Ceci n’est pas une marmite. (Rires)

Esgibt : Paul Delvaux par exemple, oui bien sûr (pour les trains),  mais plutôt à ses débuts surtout lorsqu’il était plus impressionniste. Il y a quelques années au musée du train j’ai vu des toiles plus impressionnistes, ensuite il est passé à des choses plus lisses un peu à la Magritte, qui me touchent moins. Je me sens plus proche de Marcel Mariën, poète surréaliste. C’est plus notre culture (voir fin d’interview).

À propos de Marcel Mariën

Marcel Mariën est né le 29 avril 1920 à Anvers et mort le 19 septembre 1993 à Bruxelles.  Il est un écrivain surréaliste belge, poète, essayiste, éditeur, photographe, cinéaste, créateur de collages et d’objets insolites. Il est en 1979 le premier historien du surréalisme belge.

>> FM : Qui compose dans La Marmite ?

Esgibt : C’est une écriture collective. Quand je suis arrivé il y avait un set de titres qui existait. On a ré-instrumentalisé l’ensemble et puis on a réalisé le premier album. C’est un mélange de l’ancienne MARMITE revisitée avec des nouveaux titres. J’ai un peu plus pris en main tout ce qui est production, les bases rythmiques pour les enregistrements par exemple.
L’un ou l’autre lance les idées et ensuite nous travaillons à les finaliser. Lorsqu’on se voit avec Maxime nous cherchons à élaguer musicalement pour arriver à des titres qui sonnent.

>> FM : Qui écrit les textes ?

Maxime : C’est l’un ou l’autre, et après cela devient un travail collectif pour que le texte convienne à tout le monde.

Esgibt : Nous nous donnons une très grande liberté de création. Après, un groupe comme La Marmite a peut-être ses contraintes au niveau de la forme mais on s’entend assez bien sur nos délires respectifs pour se laisser porter par l’un ou par l’autre. Ce qui fait que nous avons réalisé trois albums en dix ans.
Nos points de vue s’entrechoquent pour ensuite fusionner. En même temps, des fois cela ne marche pas. Il y a des musiques qui n’existent plus ou qui ont complètement changé. Un album, est aussi le résultat de tout ce que nous avons laissé en coulisses.

Concert au Balto | La Marmite - Photo: Raphaël Rinaldi
Concert au Balto | La Marmite – Photo: Raphaël Rinaldi

>> FM : L’actualité vous inspire ?

Esgibt : Personnellement oui. En termes de luttes sociales je ne regarde pas le bout de mes chaussures. La Belgique est un pays de paix sociale qui a été créé pour ça. C’est une zone tampon en Europe sur le plan géopolitique et social. Même si ce fut aussi une terre d’asile pour des révolutionnaires. Par exemple Karl Max s’est réfugié à Bruxelles quand il a écrit contre le travail, dans les Manuscrits de 1844 qu’il avait commencé à Paris et poursuivi à Bruxelles.

Mais j’ai plus un œil sur ce qu’il se passe dans le monde et surtout au niveau francophonie, notamment en France où il y a régulièrement un gros mouvement social. Tout le monde sait que cela existe et se positionne par rapport aux différents problèmes soulevés. En France, on sait de quoi on parle quand on cite le CPE ou la réforme des retraites de 2010, au moment de la mobilisation actuelle qui  ne faiblit pas. C’est un exemple pour nous car cela parle aux gens.

Chez nous tout passe au rouleau compresseur de la concertation, avec quelques promenades syndicales. C’est comme ça que la retraite à 67 ans est passée en Belgique avec une mobilisation syndicale mineure, quelques bagarres de fin de manif et puis l’équivalent de votre 49.3 pour l’entériner. Ensuite c’est comme si cela avait toujours existé pour les gens ici. Macron a beau jeu de souligner que la retraite à 67 ans a été acquise en Belgique. C’est la honte pour nous. Jamais cela n’aurait dû être accepté.

Comme nous jouons pas mal en France et qu’il se passe plus de choses sur le plan social, cela devient une source d’inspiration pour nos chansons. Par exemple le titre Travail  Famille Patrouille (l’album et le morceau) vient d’un graffiti éponyme que j’avais vu en France sur un mur en 2016 au moment de la contestation contre la loi travail votée par Hollande. La gauche était au pouvoir et Hollande adore le travail. (Rire) Sur le dernier album Aux maux et rictus,  le titre Jaune rond-point est inspiré par le mouvement des gilets jaunes. C’est l’œil d’un rond-point qui raconte sa vie d’occupation par les gilets jaunes.

>> FM : La Marmite ce sont des textes très incisifs comme des manifestes révolutionnaires ! Est-ce une représentation de l’âme révolutionnaire du groupe ?

Maxime : Dans Travail Famille Patrouille on dit « De gauche à droite pilule à vendre, faux ennemis du capital « Voilà notre positionnement ! Tant qu’à faire, nous aimons être explicite dans la démarche en limitant les risques de confusion. Tout ce qui touche à un esprit revendicatif et de révolte nous intéresse, sans tomber dans une forme de facilité, ou être assimilable à des critiques régressives, réactionnaires.

Concert au Balto | La Marmite - Photo: Raphaël Rinaldi
Concert au Balto | La Marmite – Photo: Raphaël Rinaldi

>> FM : Avez-vous peur d’être des démagogues ?

Esgibt : il y a toujours le risque d’être mal compris ou déformés, alors on relit nos textes et je pense qu’on y met des clefs pour que cela ne puisse pas être réapproprié par qui que soit dans une optique qui n’est pas la nôtre. Si on dit « ni gauche ni droite », c’est dans une optique anarchiste. Historiquement, la politique parlementaire s’est construite sur la renonciation aux luttes. Les partis politiques étaient au départ des propriétaires qui s’arrangeaient entre eux. Sous les poussées révolutionnaires, ils ont dû s’ouvrir et accepter des représentations du monde des travailleurs et ouvriers, le suffrage universel, etc. Cela s’est toujours fait contre l’autonomie des luttes.

Nous on se raccroche à la critique anarchiste. Pour nous nous, il n’y a pas de solution parlementaire au capitalisme. Le parlement, comme d’ailleurs la politique de type bonapartiste qui contourne le parlement (comme actuellement avec le fameux 49,3), constituent des organes de négociations interne au capitalisme. Macron je le vois plutôt comme ça : un bonapartiste qui veut se passer du parlement. L’exemple flagrant c’était son cabinet Secret Défense pendant le Covid, complètement opaque, pour se passer du parlement en gouvernant par décret.

Ce parlementarisme que nous critiquons comme étant une impasse voire un leurre pour la lutte, il y a toujours eu des bourgeois pour vouloir s’en passer. On critique aussi les postures « ni droite ni gauche » de ce bonapartisme, du fascisme, qui vient historiquement plutôt de la gauche d’ailleurs, en Allemagne, en Italie… Historiquement, c’est un durcissement de la gauche, qui s’adressait aux travailleurs, aux ouvriers, en se prétendant en dehors de la corruption et du parlementarisme, contre les profiteurs, et même « contre le capitalisme », mais pour rétablir l’ordre, capitaliste, évidemment.

Dans nos chansons, nous faisons attention à ne pas être assimilés à cette fausse critique de la politique, sous son nouvel étendard « antisystème », dont les tribuns veulent en fait, devenir politiciens à la place des politiciens.

>> FM : La Marmite, un groupe électro-punk politique avec des manifestes révolutionnaires ?

Esgibt : Non c’est avant tout une activité qu’on dira « artistique ».
En même temps on ne se revendique pas comme  « artistes » avec ce que cela implique de séparation. Mais se produire devant des gens avec notre musique, des chansons, il y a forcément une forme de séparation. Dans la société actuelle, c’est comme ça, il y a des gens qui en regardent d’autres qui font des trucs. Mais on ne le vit pas comme quelque chose de séparé de nos vies, de ce que nous vivons au quotidien, de ce que nous partageons, de ce qui nous révolte.

Il y a des textes qui ressemblent plus à un manifeste, de par la tentation de tout y dire… Cela reste de toute façon des chansons de trois minutes, pour le coup dérisoires. Nous aimons aussi raconter des histoires, comme dans Sulfate de zinc par exemple, qui figure sur le dernier disque, avec un regard social. Nous essayons que ce que nous faisons contienne toujours une remise en question des conditions dans lesquelles nous le faisons.

Maxime : Ce n’est pas une volonté de faire de la chanson politique ou politisée. Je ne pense pas la chanson comme un luxe culturel, neutre. Enfant, j’écoutais Hexagone de Renaud qui m’a marqué. Je viens de là.

>> FM : Il y a une forme d’humour mais aussi un côté décalé dans vos chansons.

Esgibt :  Oui c’est typique de nos chansons. Dans la chanson  Je le sens pas, l’idée est de faire le catalogue de tout ce qu’on nous propose tout en étant critique par rapport au système qui cherche à tout prix à nous faire adhérer. Du coup nous avons listé des propositions qui voudraient nous embobiner. Nous n’allons pas nous mettre à la place des politiciens ou des flics car leurs rôles et leurs existences ne sont pas interchangeables avec les nôtres !

Dans notre vie, il y a des choses que l’on ne nous fera pas faire mais aussi des choses que l’on ne nous fera pas croire. La chanson  Je le sens pas emprunte un côté faussement naïf pour le dire.

>> FM : Peut-on dire que le propos de LA MARMITE est révolutionnaire ?

Esgibt : Ce serait prétentieux de dire que ce que l’on écrit est révolutionnaire. En même temps c’est une perspective que l’on embrasse explicitement et qui est aussi pleine de polémiques, de contradictions et de discussions. C’est aussi une perspective que l’on a envie de partager avec d’autres personnes.

On aimerait aussi être plus souvent secoués sur ce que l’on écrit ! On essaye d’être diffusé sur le fond, pas juste la musique. Cela donne souvent une vraie connivence avec le public, lorsqu’il reprend en chœur nos chansons, on se rappelle que le texte fut d’abord griffonné sur un bout de papier. Cela nous fait énormément plaisir lorsque le public bouge sur notre musique avec une attention partagée à ce qui est dit.

Maxime : Au concert à Montreuil nous avons eu beaucoup de retours, à la veille de 1er Mai. Des gens nous ont dit : « Purée vous nous avez bien chauffés à bloc pour la manif » ! Je leur répondais de faire attention  car en face ils sont très brutaux et violents. C’est sûr que la violence de l’État est dans la rue, de plus en plus présente et dangereuse. Sa réponse est de moins en moins décomplexée dans sa manière  d’agir. Les risques sont palpables quand on est en première ligne dans les manifs, et même à la marge. Prendre un flashball dans l’œil est devenu monnaie courante.

Le durcissement répressif des forces de l’ordre est l’illustration d’une peur du pouvoir face à la contestation. Sur les images d’archives des grandes manifestations et grèves de l’hiver 1960-61 en Belgique dont l’origine se situent à Liège,  on voit des policiers peu équipés, avec des grands manteaux. Maintenant ce sont des robocops  qui sont de véritables brutes professionnelles, couverts par l’impunité.
On a basculé dans un autre univers de répression. C’est très impressionnant la militarisation de la répression. Face à la contestation sociale qui grandit, la terreur d’état grandit aussi.

>> FM : Si je vous dis « subversif » pour La Marmite que répondez vous ?

Esgibt : Je voudrais savoir ce que l’on veut dire par subversif. De toute façon ce n’est pas à nous de le dire. En plus c’est un compliment. En musique on recycle beaucoup. Cela donne un cocktail un peu bizarre voire surprenant entre les trucs qui nous tiennent chacun à cœur et la création en commun. J’ai joué dans René Binamé qui existe dans le monde du PUNK mais qui n’a jamais vraiment fait une forme de punk « classique ».

Quant aux perspectives que nous faisons nôtres, elles sont certes subversives vis-à-vis de l’ordre capitaliste tel qu’il existe. La subversion de ce monde est porteuse de quelque chose de profondément humain. Cela existe aujourd’hui dans la lutte. Le monde doit passer par la subversion et la destruction du rapport social capitaliste, pour accoucher de quelque chose d’humain. Je me reconnais dans cette nécessité de subvertir ce monde pour en sortir. En même temps dire qu’avec nos chansonnettes de trois minutes nous faisons quelque chose de subversif, cela doit nous faire sourire (rires).

Maxime : Il y a d’autres scènes plus subversives qui jouent avec un renversement des codes, des valeurs morales.

Esgibt : Par rapport à la question des genres, on produit des trucs assez classiques. On est un groupe de mecs. On aime bien envoyer du lourd avec du gros son. Après dans les textes, nous prenons des contre-pieds par rapport à ça, comme dans la chanson  La Marmite chez toi, une invitation à venir chanter chez toi : « c’est pas trop viril, c’est plutôt puéril… ». La chanson  POGOFM, est partie de ce qui nous est arrivé lors d’un concert à Montreuil, il y a longtemps. C’est un gars qui emmerdait le public et qui s’est fait sortir par les copains. On veut  nous catégoriser en sexualités, en genres etc… On essaye d’apporter des contrepoints par rapport à tout ça, tout en sachant aussi que l’on reproduit nous-mêmes des normes et certains clichés.

Sur la subversion, je pense à KRAV BOCA qui est un groupe que j’adore. Total respect. On parle en gros de la même chose, mais c’est différent dans la forme et la manière. Je dirais que leur musique et leurs textes sentent plus le cocktail Molotov et la barricade que les nôtres ! C’est un groupe qui va au plus près d’une cohérence à la fois dans la production, dans la diffusion de leur musique, leurs concerts, aussi dans cet esprit DIY, que partage notre label Aredje (Binamé, Slugs etc).

Concert au Balto | La Marmite - Photo: Raphaël Rinaldi
Concert au Balto | La Marmite – Photo: Raphaël Rinaldi

>> FM : Êtes-vous sans illusion par rapport à ce qui se passe ?

Esgibt : Oui sans illusion par rapport aux perspectives que nous propose le système capitaliste. C’est à la fois un parcours personnel et collectif. Perdre ses illusions je trouve que c’est sain, dans ce sens-là. J’ai grandi avec plein d’illusions, religieuses, sociales, politiques. En les perdant, cela m’a ouvert à la perspective d’une émancipation collective réelle, aux antipodes du « développement personnel » qu’on nous propose, pour se faire sa place en se taillant un costard pour « réussir ».

>> FM : Est ce que le succès vous fait peur ?

Esgibt : Depuis notre dernier concert  à Montreuil ? (rires) Cela fait tellement plaisir d’avoir autant d’énergie et d’enthousiasme en retour pendant le concert.

>> FM : Est-ce une volonté de rester underground ?

Maxime : C’est comme ça. On fait du rock’n’roll d’une manière accessoire dans nos vies. Cela nous fait tourner dans des lieux très différents comme des bars, des squats, des ZAD, mais aussi parfois des salles plus conventionnelles. On ne passera probablement jamais sur une radio nationale (rires).

Esgibt : Nous ne sommes pas mainstream et il n’y a pas vraiment de raison qu’on le devienne…

Maxime : Il y a de toute façon un joint hermétique entre le circuit commercial et nous. Il y a tellement de gens qui enfoncent les portes pour rentrer dans ce circuit-là. Beaucoup d’appelés et peu d’élus. On propose de toute façon quelque chose qui n’intéresse pas le circuit mainstream. De facto tu es protégé de tout ça.

Esgibt : Au début Les René Binamé ont connu un producteur qui devait mettre de l’argent dans leur premier 45T et ça ne s’est pas fait. Ils l’ont sorti eux-mêmes et  c’est devenu  le label AREDJE. Au début tu fais ça pour sortir tes propres disques sans attendre que quelqu’un veuille le sortir pour toi. Petit à petit cela devient une manière de faire qui te donne plus de liberté. Tu avances à ton rythme. Il n’y a pas le fantasme de savoir si quelqu’un, en réalité une personne avec du fric va s’intéresser à nous.

Il y a des gens qui ont porté un contenu fort et qui ont été signés sur de gros machins. Il faudrait leur poser la question de savoir comment cela se passe surtout lorsque tu deviens l’employé de celui qui a mis l’argent avec obligation de résultats. Il y en a plein qui ont été lâchés dès que les ventes baissaient. Tu peux avoir dans ta vie des moments où tu n’es plus inspiré mais les gens du capital ne te laissent pas le temps. Il faut que tu sois rentable. Cela me fait penser à un producteur de carottes qui vend sa production à Intermarché. Tout doit être calibré et tu deviens totalement dépendant d’eux. Et le jour où ils changent et vont voir ailleurs, tu es mort.

Maxime : De toute façon on ne sera jamais disponibles pour ça. Le dimanche après midi, je veux pouvoir aller voir mon gamin jouer au football. On a des métiers et l’on doit vivre de notre travail. Le rock’n’roll n’en est pas un.

>> FM : Quels sont les espoirs de La Marmite ?

Esgibt : Revenir jouer à Montreuil ! (rires) Qu’une de nos chansons soit chantée dans des manifestations ?

Maxime : Qu’une chanson soit reprise par la chorale de mon village.

Esgibt : On a joué à Bordeaux. Les personnes qui chantent dans la chorale « Le cri du peuple » (ils/elles ont même sorti un chouette CD) et qui chantent dans les manifs, dans les luttes, ont envie de reprendre notre titre Je le sens pas. J’en suis ravi et curieux de voir ce que cela va donner. Que notre musique et nos textes soient réappropriés dans un autre style, c’est le rêve pour nous. Nous voulons continuer à aller jouer partout où l’on sent un élan collectif qui nous porte, et aussi de surprendre des personnes qui ne nous connaissent pas, en sortant de nos propres créneaux habituels.

>> FM : Que vos textes soient inscrits sur les murs des villes ?

Maxime : Oui ! Par exemple je verrais bien «  Torche-toi le cul avec ton fric » sur le mur d’une grande ville. Cela me ferait plaisir (rires). Ce qui me fait plaisir aussi c’est de voir les gens en concert reprendre en chœurs nos paroles. Cela me touche beaucoup.

Esgibt : Si des paroles de La Marmite sont écrites sur les murs c’est juste un retour des choses, vu ce que l’on a soi-même repris sur des murs pour en faire des chansons.

 

Entretien réalisé par François Marin • Photos : Raphaël Rinaldi

 

Discographie

  • 2015: CD Le Sang Bouillant
  • 2017: CD & LP Travail Famine Patrouille
  • 2021: Split single La Marmite (Sketter l’baraque, la reprise de Breaking the law de Judas Priest) / BAK XIII (de Genève, avec Crack et paillettes)
  • 2022: CD Aux maux et rictus

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