Avec presque un quart de siècle d’existence (certes un peu chaotique), No One Is Innoncent s’est installé comme un poids lourd du rock français. Si les albums des années 90 restent pour moi une référence, j’avoue avoir eu du mal à suivre le groupe dans les années 2000. En revanche, c’est avec un plaisir non dissimulé que j’ai écouté l’album Propaganda en 2015, un album puissant et percutant… comme l’était le groupe dans les années 90.
Frankenstein, s’inscrit dans la même veine, une suite logique de Propaganda. On a toujours la touche No One, à savoir ce groove caractéristique du groupe, mélangeant diverses influences sans en faire quelque chose d’indigeste. Et puis l’alternance du chant français et anglais et la voix de Kemar font mouche. Des phases de calme dans les morceaux, toutes de rage contenue, avant de mieux l’extérioriser, sont autant d’éléments familiers du groupe, qui en plus se sont bonifiés avec le temps.
Fort de ce background, le groupe, a poursuivi sur sa lancée avec Frankenstein, tout en continuant d’apporter de nouvelles choses ici et là.
« Si vous pensiez que le groupe, l’âge aidant allait donner dans les états d’âme de quarantenaires adeptes d’une France passée sous pavillon macroniste, vous vous êtes trompés de crèmerie ! »
Dès les premières notes on se sent comme la maison. A la gloire du marché, intro énergique couplée au chant revendicatif de Kemar, le groupe ne perd pas de temps et rentre tout de suite dans le sujet, tant au niveau de la musique que des textes. Si vous pensiez que le groupe, l’âge aidant allait donner dans les états d’âme de quarantenaires adeptes d’une France passée sous pavillon macroniste, vous vous êtes trompés de crèmerie ! Le morceau révèle quelques surprises comme ce ralentissement au milieu de la compo, à la limite du stoner !
A l’écoute du deuxième morceau, Ali (King of the ring), choisi pour être le 1er single de l’album, on pense immédiatement à Rage Against The Machine, ce qui est toujours une bonne chose. Sans surprise le morceau, à travers l’histoire du boxeur, rappelle aux jeunes générations que tout n’est pas rose au pays de l’Oncle Sam.
L’Oncle Sam, et sa politique extérieure, est également au cœur du morceau Frankenstein, qui surprend l’auditeur attentif par des chœurs assez originaux pour le groupe. Les Revenants est une lente montée en pression pour une explosion sonore. Madking morceau chanté intégralement en anglais, sans doute le plus posé de l’album, s’offre un petit côté pop qui n’est pas désagréable. Hold Up et Teenage Demo, s’inscrivent dans une lignée plus classique.
On trouve ensuite sur l’album le morceau What The Fuck. Ce n’est peut-être pas le meilleur de l’album (tout est question de perception), mais c’est sans doute le plus punk dans le rythme et le plus efficace. Mélodie carrée, des paroles qui font mouche tout de suite et un refrain qu’on garde en tête immédiatement, le titre a tout du morceau qui peut encore nous faire transpirer dans les concerts.
L’album se termine par une reprise. Et pas n’importe quelle reprise. Paranoid de Black Sabbath ! Un choix logique quand on suit le groupe depuis ses débuts, puisqu’à ses débuts No One Is Innocent citait la formation anglaise comme l’une de ses références. Si le morceau a été de nombreuses fois repris sur scène et sur disques, cette version vaut le détour, No One réussissant à s’approprier le morceau de façon originale.
No One Is Innocent fait partie de ces groupes qui ont une identité musicale propre et le démontre une nouvelle fois avec des compositions rageuses parfaitement maîtrisées.
Publié initialement sur le site : Among The Living. Merci à eux pour l’autorisation de partage.