Le Jargon libre

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Le Jargon libre, une bibliothèque de luttes

Depuis octobre 2011, le Jargon Libre a réouvert… Après de nombreuses tribulations depuis quelques décennies, Hellyette Bess, la « mama » d’Action directe, avec l’aide de compars- es, a trouvé un nouveau local où elle remet enfin à disposition des tonnes de livres, de journaux et d’archives concernant les luttes libertaires, communistes, autonomes, féministes, anticolonialistes ou anticapitalistes, aussi bien en France qu’ailleurs, en Europe ou plus loin. Ce nouveau lieu autogéré a donc besoin de notre soutien. Hellyette explique elle-même ci-dessous les motivations et l’historique de ce projet qui, s’il n’est pas récent, n’en reste pas moins nécessaire pour nos mémoires, nos recherches et nos idées.

«Cette librairie libertaire créée en 1974 a été contrainte de cesser ses activités en 1984, la libraire ayant été embastillée pour activités subversives (Action directe). Absente, elle n’a pu négocier la passation du bail. La librairie est perdue, personne n’ayant assuré la relève militante et financière. En 1990, le Jargon libre devient une association, à Avignon, et publie Front, revue de prisonniers révolutionnaires emprisonnés. En 1995, la librairie associative s’installe boulevard Voltaire à Paris, plus tard à Montreuil, puis à Vincennes. Transformée en bibliothèque, elle trouve refuge aux condensateurs dans les locaux de l’Insomniaque et enfin dans le local de Tiqqun, rue Saint-Ambroise. Elle remballe ses livres très peu de temps avant l’arrestation des camarades, le local changeant de destination. Armand Gatti lui a offert un refuge, mais le lieu sombre et humide au fond du théâtre ne permet pas la « permanence » ni la fréquentation d’une bibliothèque. Les livres y ont dormi plus d’un an dans des cartons. Nous avons décidé de créer un lieu propice à la consultation de la richesse et de la diversité des expériences du mouvement à travers le temps, en espérant que ce lieu sera aussi celui d’échanges enrichissants et constructifs… et, bien sûr, une oasis de fraternité. »

Et quoi ?
Eh bien, ce nouveau Jargon met en consultation archives et livres sur le mouvement ouvrier, le mouvement révolutionnaire, l’anarchie, le marxisme, le surréalisme, le situationnisme, l’éducation, le féminisme, les luttes, la prison, etc. Il y aura la possibilité d’étudier sur place et de photocopier les documents. Est aussi prévue la réalisation de divers dossiers d’archives. Pour les camarades qui s’ennuient, il est bien évident qu’on peut aller proposer son aide (rangement, classement, travaux, permanence…). Certaines soirées, rencontres ou débats feront aussi régulièrement leur apparition dans ces locaux… Autant que ça serve, hein ?

Donc…
Le Jargon libre est constitué sous la forme d’une association. Les adhérents peuvent ainsi mettre en place un virement direct sur le compte de la bibliothèque afin que celle-ci puisse vivre. Avec un loyer de 850 euros, une centaine d’adhérents faisant un don de 10 euros par mois permettrait ainsi d’aider la bibliothèque pour longtemps. Mais le soutien peut se faire d’autres manières, régulièrement, comme cela a été le cas plusieurs fois au cours de soirées/concerts de soutien qui ont déjà eu lieu (squat à Montreuil, CICP à Paris, Les Tanneries à Dijon par exemple). Il ne tient qu’à chacun d’en faire d’autres. Hellyette sera toujours très contente de recevoir du monde, de parler avec les gens et de voir que d’autres sont intéressés de soutenir ce projet parisien.

Vous trouverez ci-dessous tous les renseignements sur le Jargon libre… Il l’est, libre. Aidons-le à le rester.

LE JARGON LIBRE

32, Rue Henri Chevreau 75020 PARIS Métro : Ménilmontant – Ouvert du lundi au samedi de 15h à 20h.
Pour soutenir : Association Jargon libre | Société générale | 264, rue de Pyrénées 75020 Paris | RIB : 30 003 03 434 00 050 740 050 53

Quelques questions à Hellyette

Hellyette, peux-tu, pour les gens qui ne te connaissent pas, ou mal, en dire un peu plus sur toi ?
J’étais une petite fille pendant la guerre et, si bien sûr, toute cette génération n’est pas devenue révolutionnaire, pour moi ce fut le déclic. Tout ce que j’ai vu en France depuis n’a jamais atteint le degré d’incompréhension, de démesure, de révolte, de colère que j’ai connu à cette époque où j’ai décidé de faire tout mon possible pour oeuvrer à l’avènement d’une société de liberté et de fraternité. Et puis j’ai étudié les méthodes que nous proposent ceux qui avaient choisi ce chemin de liberté avant moi… J’y ai ajouté les ingrédients qui me semblaient adéquats à chaque époque, et, à travers le temps, j’ai gardé mes rêves d’enfant, mes espoirs d’adolescente, mettant aussi mes rares certitudes à l’épreuve de la vie.

Une grande partie de ta vie s’est passé aux côtés d’Action directe…
AD est la suite logique d’une lutte qui se heurte sans cesse aux réalités et aux lois d’un système économique et politique basé sur l’inégalité et l’exploitation de l’homme par l’homme… Nous avons lutté contre une société qui nous opprime, et cette société nous a jetés en prison. Nous avons assumé nos choix. Avec Régis, nous sommes entrés les premiers, je suis sortie la première. J’ai accompagné durant de très longues années mes camarades et amis le long des années d’enfermement, créant et animant au fil du temps une grande part du mouvement de solidarité politique et pratique qui a suivi.

ll y a à Paris de plus en plus de lieux qui se montent d’une manière autogérée et autonome comme des bibliothèques, des lieux d’infos ou de débats (Le Rémouleur à Bagnolet ou Libertad dans le XIXe par exemple)…
Rien de plus normal pour moi. Chaque lieu a un fonctionnement différent et tend à remplir une place différente. Le Jargon voudrait être un lieu ouvert de recherche, d’étude et de réflexion sur la révolte, la lutte, la forme qu’elle peut prendre et qu’elle a prise à travers le temps, pourquoi nous sommes révolutionnaires. Notre désir de créer une mosaïque d’individus, ce tout harmonieux que sera le monde de demain… Et les instants qui nous font croire que ce monde est possible. n[/box]