Le livre « Snaprock pour Schultz » sortira le 12 Novembre 2017. Un concert hommage à Schultz et Sven (le guitariste de Parabellum décédé en janvier 2017) sera organisé au Chinois à Montreuil pour l’occasion et l’auteur, Raphaël Rinaldi, y présentera ce superbe pavé de 300 pages. Attention, le tirage est (très) limité ! Donc ne tardez pas, si vous voulez vous le procurer. Nous avons rencontré Raphaël chez Tôma Sickart et Riri dans leur boutique toute neuve à Fatalitas et en avons profité pour lui poser trois questions autour de l’ouvrage. Il nous a aussi autorisés à reproduire ici quelques extraits du livre avant la présentation « officielle ».
Abloc : Peux-tu brièvement nous parler de Schultz, de ce qu’il représente pour toi et de la place qu’il a occupée (et continuera sans doute d’occuper) dans le rock punk français?
Raphaël Rinaldi : J’ai rencontré Schultz au début des années 80 au Parking 2000, rue de Crimée à Paris ou il répétait avec Les Portes Mentaux. On se croisait souvent dans les concerts. J’étais un grand fan des Parabellum. Ensuite nous nous sommes revus lorsqu’il a fait son concert mythique des Tontons Flingueurs au New Moon [1]. J’ai réalisé la pochette des Tontons Flingueurs. Nous avons passé beaucoup de temps ensemble et partagé des grands moments de poésie dans Paris.
Pour moi, Schultz représente la poésie du rock’n’roll. Le rock’n’roll c’était son choix de vie et je l’admirais pour ça. Il avait décidé très jeune de consacrer sa vie au rock’n’roll. Il était la musique à lui tout seul. Il savait tout jouer avec beaucoup de feeling et de groove. Il était très chaleureux et profondément humain. Il occupe une grande place dans ma vie car il a fait attention à moi lorsque je me suis retrouvé au bord du gouffre. Schultz avait un idéal de vie qui était le rock’n’roll, le swing. Ce qui l’importait c’était de jouer partout. Il a été le père fondateur du mouvement alternatif avec Les Bérurier Noir. Son influence est énorme. Je pense que Schultz a marqué et influencé la scène rock française. Par exemple, il n’aurait pas eu La Mano Négra s’il n’y avait pas eu Los Carayos, Parabellum avant. En tout cas pas de la même façon. C’était un musicien hors norme et un être humain exceptionnel. Sa disparition m’a profondément choqué et bouleversé.
Abloc : Ton livre (que nous avons entre les mains) est un hommage au chanteur-guitariste… Tu ne t’es pas contenté de faire une galerie de « belles photos », on voit que tu as voulu aller au delà en racontant un univers (Montreuil City Rockerz) qui l’a influencé et qui réciproquement a été inspiré par lui ? Explique-nous comment tu as conçu ton livre, et ce qu’on pourra y trouver.
Raphaël Rinaldi : Lorsque Schultz est venu habiter à Montreuil, il a fondé La Clinic du Dr Schultz avec Denis Baudrillart. Ils ont inventé le rock de proximité. C’est grâce à Schultz et Denis que Montreuil est devenu une ville rock’n’roll. Ils ont initié les bars au rock’n’roll. Le jour de son enterrement les bars de Montreuil ont baissé le rideau en signe de deuil. J’ai photographié la scène underground de Montreuil pour montrer à quel point elle est extraordinaire et vivante grâce à lui. C’est aussi les endroits où Schultz a joué. C’est son héritage et son influence et c’est ma façon aussi de saluer cette scène et ces artistes qui la font vivre. En même temps je voulais que mon livre soit un hommage vibrant et vivant à Schultz.
Abloc : Dans ton précédent ouvrage « Paris New Moon, Paris », tu racontais l’histoire d’une salle de concert à Pigalle. La salle n’existe plus depuis 1993 et les choses bougent. Alors, justement, comment vois-tu cette évolution ? Et, selon toi, Paris est-elle encore une ville ouverte au punk rock comme nous l’avons lu dans des publications récentes ? Ne faut-il pas plutôt aller du coté des banlieues comme Montreuil pour trouver cette ouverture ?
Raphaël Rinaldi : Le rock’n’roll renaît toujours de ces cendres. Après la fin du New Moon il y a eu La Miroiterie qui a duré plus de quinze ans. Entre temps une scène rock s’est constituée à Montreuil grâce à Schultz. Montreuil est une ville de musiciens et elle est très cosmopolite. C’est un véritable vivier d’artistes. Il y a des studios de répétition ainsi que des studios d’enregistrement. Les conditions pour jouer sont plus fluides. Schultz a contribué pour une grande part a cet environnement. En ce qui concerne Paris, ce n’est plus du tout la même configuration. La bohème punk rock s’est déplacée vers la banlieue et notamment l’Est parisien. La gentrification de la capitale à marche forcée a fait fuir l’âme de Paris vers la périphérie au prétexte de nuisance sonore. Résultat Montreuil est devenue la capitale du rock parisien.
Notes
[1] – Un CD avec l’enregistrement live des Tontons Flingueurs au New Moon en 1992 accompagne le livre. Edité par Public Record. Tous les bénefs du livre seront reversés au fils de Schultz.