Voilà un titre qui interpelle, voir nous pose un réel défi car il questionne la vision suprématiste des êtres humains sur leur environnement et en particulier dans leur rapport avec les animaux; pendant très longtemps préalable aux études sur le comportement animal.
Frans de Wall, primatologue et biologiste s’intéresse à l’évolution cognitive. Petite explication : La cognition est la « transformation d’intrants sensoriels en un savoir sur l’environnement, et application de ce savoir ». Jusqu’à il y a peu, on estimait que les êtres humains en étaient les seuls capables, les animaux n’agissant que par pure fatalité biologique et par instinct. Mais pour l’auteur ce type de conclusion scientifique était faussée, car l’observation des comportements seulement basée « sur des capacités que nous maîtrisons » dans notre propre environnement, sur notre vision de voir le monde, et non sur la propre histoire naturelle de l’animal observé. De plus les expériences sur l’intelligence animale, étaient effectuées dans des laboratoires par des expérimentateurs indifférents aux animaux en état de stress, sans tendresse et sans encouragement avec un but principal : vérifier l’hypothèse que dans la nature, l’homme a une place à part. Alors.. ? Eh bien, après la lecture de cet ouvrage, il faudra admettre que les animaux :
- ont des émotions et des intentions
- font preuve d’empathie
- sont capables d’anticipation et de projection dans le futur
- sont des êtres conscients
- possèdent un désir d’appartenance au groupe et par la même, une culture
- déploient des aptitudes sociales : tactiques « politiques » de prises de pouvoir, coalitions, allégeances, et coopérations
- ont « les substrats neurologiques de la conscience ».
Cessons de faire de l’homme la nature de toute chose ! Évaluons les espèces sur ce qu’elles sont elles ! »
Toutes ces conclusions sont bien-sûr l’aboutissement d’observations faites par l’auteur et de nombreux autres chercheurs depuis des décennies, rapportées tout au long de l’ouvrage: singes, oiseaux, insectes, chats, chiens, éléphants, oies, etc… Mais elles découlent aussi de l’abandon de l’approche scientifique humano centrée, pour une attention portée à la diversité des modes de vie, l’observation et la compréhension des animaux dans leur propre perspective. Je cite : « Cessons de faire de l’homme la nature de toute chose ! Évaluons les espèces sur ce qu’elles sont elles ! Je suis sûr que nous découvrirons ainsi de nombreux puits sans fonds, dont certains sont encore inimaginables pour nous ».
Pour celles et ceux qui veulent mourir moins bêtes… Euh pardon, moins humains…