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SOTL11 # Bad Mood Boy

Un acteur de la scène = une liste de 10 morceaux. Pas forcément les meilleurs, les premiers, les mieux joués, mais plutôt la musique qui l’inspire, qu’il aime sans raisons particulières. Le genre de trucs qu’il écoute dans le noir, ou en fin de soirée, chaud comme un marron sur le poêle.


C’est sûr, ça va commencer à se voir, après Slim Wild Boar, avec qui on a commencé l’aventure, Poch et Syndrome 81, voici encore un Breton, et un Rennais de surcroît. On y peut rien si la B·rtingn est une terre fertile en talents. (Et puis c’est vrai, la somme que nous verse le conseil régional et qui avec le trafic de cocaïne nous permet de rouler en Audi, nous oblige à quelques concessions publi-redactionnelles. Mais on fait rien de mal, c’est pas comme si on avait ouvert une épicerie en Corrèze, merde.)

Calmons-nous !

Le sujet qui nous occupe aujourd’hui est à peu près aussi vieux que l’invention de la musique. : l’histoire de la relation d’un homme et sa guitare. Le guérillero a sa Kalach, le maçon sa pelle, le boulanger sa baguette et Bad Mood Boy, sa gratte et… sa voix. C’est tout et ça suffit.

Bien-sûr, il y en eut d’autres des histoires d’amour platoniques entre un humain et un bout de bois. Woodie Guthrie, Pete Seeger, Bob Dylan, Yves Duteil, Billy Bragg ont tous tâté du manche à cordes avec plus moins de bonheur. Ce n’est pas très original, c’est même d’une orthodoxie douteuse qui pourrait confiner à la cismusicalité (1).
Mais Bad Mood Boy n’est pas un lapin de six semaines, ancien membre du combo punk-ska Skuds and the Panic People, puis vaillant frontman du trio albionophile Death or Glory (on en reparlera), le type a une ligne de conduite et il s’y tient. Plus surprenant est sa transformation en Bad Mood Boy. Il lui fallait sans doute un cadre plus restreint, plus propice à l’introspection. Toujours guidé par son tropisme outre-manchot, Bad Mood Boy livre une folk mélancolique comme un jour de crachin. Avec juste le peu d’espoir nécessaire pour piquer là où ça fait mal. (A day like this et ses intonations country est parfait dans le genre).
Bon, Au lieu d’enchaîner les superlatifs, les phrases pédantes et les adverbes inutiles pour cacher mon incompétence en matière musicale, je vous laisse écouter le monsieur.
Un dernier truc, il y a en France une sacré scène folk-country-blues, et peu de défenseurs du genre, et… et… ça m’énerve./ Mateo B.

  1. Je rassure ceux qui pourrait se sentir con en lisant cette phrase, elle ne veut rien dire.

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Royal Headache – My Own Fantasy

Petite fraîcheur australienne. Très bien à écouter durant les vacances d’été.

Makthaverskan – Outshine 

C’était à prévoir qu’un jour ou l’autre, la vague de fond crutsy lâche un peu les horreurs pseudo métal pour des chansons plus élégantes. Même si bizarrement, l’affaire prend un peu une tournure un peu branchée, les chansons du premier album de ce groupe m’ont carrément emballé. Celle ci en fait parti, et met bien en valeur le petit truc captivant qui se cache au fond de la voix de celle qui chante. Le nouveau LP, qui vient de sortir, m’a par contre laissé de marbre car trop millimétré à mon gout. J’ai appris que la chanteuse (Maja Milner) pratique également toute seule ou avec d’autres musiciens et ce que j’en ai entendu était franchement cool.

Arctic Monkeys – The Lovers 

C’est une reprise d’un truc de crooner type « la croisière s’amuse », qui prends à mon sens une tournure beaucoup plus plaisante une fois repassée chez artic monkeys. Les paroles sont géniales, et la fausse légèreté du propos rend l’affaire très classieuse et intemporelle.

Georges Brassens – Hécatombe au marché de brive la gaillarde

Il faut toujours garder une place pour la réflexion politique, même dans une playlist internet dédiée à la fête et la joie insouciante.

The Redskins – Celuiquitrouveletitredumorceaugagneuneplaceàunconcertdebadmooboy

Ici, un morceau plus « pop » des Redskins, sur un extrait sorti dont ne sait trop ou, qui traine loin dans les profondeurs de youtube. Excellent comme 100% de ce que j’ai entendu de ce groupe.

DMA’S – Lay Down

Si on met de coté tout l’aspect « look revival shoegaze taillé pour Vice » qui est assez abusé, cet album contient au moins 10 chansons fantastiques, qui procurent le frisson particulier qu’on trouvait sur le premier stone roses, par exemple. C’est pas donné à tout le monde d’être en capacité de faire ça (et ceux qui s’y essayent sont nombreux depuis 3 ou 4 ans).

Orchestral Manoeuvres in the Dark – Joan of Arc (Live 1981)

Le jour ou j’ai vu le reportage sur ces mecs, qui y expliquent qu’ils ont fait un groupe pour s’occuper, et qu’ils ont acheté un synthé pourrave parce ce qu’ils ne savaient pas jouer de quoi que ce soit, j’ai plus jamais eu honte de les écouter. Les meilleurs groupes ont toujours été comme ça : sortis du terreau de l’ennui sans qu’on leur ai demandé ou enseigné quoi que ce soit. En concert en plus ça avait l’air d’être puissant. A mon sens, l’album « Architecture and morality » est le meilleur (ne serait ce que par le titre). Les Peel sessions sont grandes également.

Slim Wild Boar & his Forsaken Shadow – By My Side

Rennes fourmille de groupes. 99% sont des ersatz d’eux mêmes, qui tapinent tous rageusement à la porte des SMACS et de la FERAROCK, tournant en rond entre leur moustaches à la con et leurs cours de musique payés par papa maman. SWB les écrase tous, et ne ressemble à rien d’autre. C’est eux les meilleurs.

Dick Gaughan – World Turned Upside Down (BBC 1982)

Les offensives ouvrières sonores Ecossaises auront toujours cette incroyable puissance et cette classe qui nous laisse songeurs lorsqu’on se retrouve coincés juste devant le camion CGT dans les manifs rennaises, à la merci d’HK et les saltimbanks.

Happy Drivers – Byron Bay

Je n’ai personnellement jamais été fan des groupes franchouillards punk, qui m’évoquent généralement le PMU plus que la révolution. Jmet quelques exceptions, avec Happy Drivers notamment. Je trouve ce groupe incroyable, toujours à se balader audacieusement sur la corde raide, au dessus du puits sans fond du kitsch honteux. C’est sans doute d’ailleurs cette situation qui fait qu’un groupe dévient génial : l’équilibre précaire, l’expérimentation courageuse, l’originalité assumée, au prix, parfois, de l’inaudible. Chez les HD, des morceaux franchement abominables côtoient des perles, mais on pardonne tout (y compris les trucs d’indiens), parce que le beau y est sublime. Même si le son semble avoir été calculé à l’époque pour desservir le groupe sur la durée, ce morceau me fait rêver depuis le lycée (et ça remonte…).