Frank Castle présente
ROMA A MANO ARMATA (1976)
Réalisé par Umberto Lenzi – avec Maurizio Merli, Arthur Kennedy, Giampiero Albertini
Dans les années 1970, en pleine période des années de plomb, le cinéma italien produit toute une série de films policiers violents (un peu plus de 200 films en une dizaine d’années), les « poliziottesco », souvent comparés à tort à la série de l’Inspecteur Harry. Il s’agit d’un genre propre à l’Italie, qui peut se voir comme une catharsis par rapport à la violence (politique, terroriste, policière, mafieuse …) qui traverse la société italienne de l’époque. Les poliziottesco ne sont pas de simples films policiers, mais bien des films populaires, dans le bon sens du terme, véritables reflets de la vie des Italiens. Essentiellement urbains, ces films au réalisme cru, débarrassés de tout folklore ou d’images d’Épinal d’une Italie touristique, sont très durement accueillis par la critique en France et en Italie, non préparée à accepter des films à la violence décomplexée. Face à l’obsession sécuritaire de certains scénarios, la presse bien pensante de gauche des deux côtés des Alpes catalogue rapidement ces films comme un cinéma fasciste. Ironie du sort, ce sera l’un des rares cinémas de l’époque à montrer le quotidien des Italiens et à dénoncer la stratégie de la tension, et ce dès 1972 avec des oeuvres comme La Polizia Ringrazia ou La Ville accuse en 1975. C’est dans ce contexte que sort en 1976 Roma A Mano Armata.
Le film met en scène le commissaire Tanzi (Maurizio Merli), un homme dont les méthodes brutales sont jugées excessives par ses supérieurs qui tentent de le mettre sur la touche. Fidèle à ses principes, Tanzi continue néanmoins de mener sa guerre personnelle contre le crime en arpentant les rues de Rome. Il poursuit en particulier un truand qui met la ville à feu et à sang, Vincenzo Moretto dit « Le Bossu » (personnage récurrent des polars italiens, interprété par Tomàs Miliàn, totalement délirant dans le rôle de ce personnage malsain, oscillant entre le grotesque et la folie pure). En parallèle à cette enquête, Tanzi n’hésite pas, au grand dam de sa hiérarchie, à mettre au pas des jeunes issus de la haute bourgeoisie qui donnent libre court à leur ultra-violence contre la population des quartiers populaires.
Roma A Mano Armata (Rome à mains armées/ Brigade Spéciale), tourné en plein âge d’or de ce courant (1976) par Umberto Lenzi (le réalisateur de Cannibal Ferox !) est l’un des films qui symbolise le mieux ce néo-polar à l’italienne. Il contient à lui seul tous les codes du genre : une musique obsédante (celle de Franco Micalizzi), un flic solitaire et dur qui se bat contre la corruption de sa hiérarchie, une élite corrompue, des courses-poursuites en voitures, un esprit de vengeance, une violence décomplexée et un méchant charismatique.