Tokyo ghost | S.Murphy + R.Remender

  • Titre: Tokyo ghost
  • Auteur(s): S.Murphy + R.Remender
  • Date de sortie: 2017
  • Éditeur(s): Urban Comics
Tokyo Ghost - Vol 1

J’avais beaucoup aimé Punk Rock Jésus de Sean Murphy… alors quand j’ai vu que le même dessinateur participait à Tokyo Ghost avec Rick Remender comme scénariste, je n’ai pas trop hésité sur ce comics paru en 2 volumes chez UrbanComics. A noter qu’il existe 2 versions : Une version mise en  couleur par Matt Holligsworth et une version en noir et blanc avec quelques centimètres supplémentaires ( 185 x 280mm pour la version couleur) qui met plus en valeur le dessin . Le contexte de Tokyo Ghost exposé dans les premières pages m’a bien plu :

« La société dans son ensemble a désormais recentré son économie sur la distraction, ses habitants tentant désespérément de fuir la dure réalité d’un monde devenu égout à ciel ouvert. »

Vu la rapidité de l’évolution technologique et de la bêtise humaine, on se dit que l’univers que nous décrit Rick Remember dans Tokyo Ghost pourrait arriver plus tôt que 2089. Sa justesse d’observation et d’anticipation est assez bluffante. Toutes les dérives de surveillance et de manipulation que nous pouvons – plus ou moins – constater depuis une bonne dizaine d’années, Rick Remember les a pointées et les a exagérées à outrance sans tomber dans la caricature grotesque. Tous les habitants possèdent donc des implants cérébraux qui les connectent en permanence à la « trash » télévision et au net. C’est aussi le moyen pour une entreprise du divertissement d’avoir un contrôle total sur la population. Voilà pour le décor bien flippant où évoluent Led Dent et Debbie Decay, 2 gardes chiourmes au service de la toute-puissante Flack corp. Led est une sorte de Judge Dread ( l’hommage au personnage est flagrante ) – motard surbodybuildé ultra-violent et 100% techno-drogué et sa partenaire Debbie, la seule « zérotech » de Los Angeles. Tous les deux – enfin surtout Debbie, parce que Led est complétement aliéné par ses multiples écrans – ont l’espoir d’échapper à cette enfer technologique et retrouver leur amour passé. Quand la Flack corp demande au couple de cerbères d’infiltrer Tokyo, une ville-bastion rebelle qui a gardé une vraie humanité  –  et surtout des richesses naturelles convoitées par New Los Angeles !  –  Led et Debbie voient là l’occasion inespérée de changer radicalement de vie en gagnant le camp adverse… Mais bon, ce ne sera pas simple, vous vous en doutez.

Finissons par le dessin de Sean Murphy. Les traits nerveux rappel celui de Paul Gillon (« La Survivante »). J’aurais tendance a préférer plus d’originalité et de simplicité graphique mais bon vu la maitrise technique, jouer les difficiles serait indécent. C’est simplement magnifique ! Pour résumer : Un scénario finalement très « politique » avec des histoires multiples. Un dessin de haut niveau avec une version en couleur tout aussi superbe… Cette BD en 2 volumes est assurément une meilleures que j’ai pu lire en 2017.