– « Père Castor, racontes-nous une histoire. »
– « Oui, Père Castor, une vraie histoire, pas une de celles avec des folkeux dépressifs, des rednecks à la manque, ou les jeunes cons d’Arak Asso. »
– « Ne dis pas de bêtises, Brandon, tu sais bien qu’il ne sont plus vraiment jeunes chez Arak Asso. »
– « Pardon Père Castor, c’est vrai… »
– « Ecoutez donc l’histoire de Mass Prod. »
– « Ouiiii ! »
-« Fermez-là, faces de taupes ! Il était une fois par une belle matinée ensoleillée de l’an 1996… »
– « Menteur ! »
– « C’est vrai Brandon, tu as raison. Il était une fois par une belle matinée de crachin de l’an 1996… »
Car c’est bien il y a 22 ans, bande de jeunes, que l’histoire de Mass Prod a commencé. Plus de vingt ans et 200 productions. Inner Terrestrials, Sick on the Bus, OI Polloi, Sensa Yuma, Varukers, TV Men, Voice of a Generation, The Filaments, Suicide Bid. Ou encore 8°6 crew, NCA, Nevrotic Explosion, La Fraction, Steroïds et bien sûr Mass Murderers. Permettez-moi de m’arrêter là, la liste est hallucinante et leur activisme dans la scène punk hexagonale sans égal. Imaginez, leur compteur en 2014 affichait 163 organisations de concert et festivals. Ils ont fait jouer 771 groupes ! N’en jetez plus !
L’histoire, comme leur nom l’indique, a commencé pour eux autour de Mass Murderers. Une claque au mitant des années 90 ! Le groupe mené par Laurent et suivi par un public déter nettoie les oreilles d’une France alors engluée dans les souvenirs des groupes alternatifs. Enfin de la musique, finis les déguisements ridicules, les clowneries, les riffs à trois accords et les boîtes à rythmes creuses. Mass Murderers envoie sec et sans concessions, loin des franchouillardises, du punk rock comme seul, croyait-on alors, les Angles savaient en balancer.
Evidemment, un tel choc a réveillé les consciences, l’énergie du groupe a motivé une poignée de Bretons. Et comme le savent bien les Cubains, il suffit d’être une poignée pour faire la révolution, pas plus, après c’est le bordel.
Bon, c’est vrai, Mass Prod n’a pas renversé la Chiraquie, mais a certainement été un des moteurs de la scène bretonne qui s’est développée la décennie qui a suivi.
Et, Dieu, quelle scène ! On peut en apprécier encore les frétillements aujourd’hui, mais j’ai dépasser mon quota de placements produits ce mois-ci, j’ai peur qu’en citant encore The Decline, par exemple, la direction exécutive d’ABloc me sanctionne… Alors, silence.
Je vous laisse avec la playlist de Vincent, de Mass Prod, une excellente sélection bien surprenante ! Listen or die ! / Mateo Brigada
Salut à tous les connectés sur A BLOC ! Merci à Mateo pour son invitation. Dur de choisir 10 chansons seulement, j’espère vous faire découvrir de bons groupes. Bises. Vincent.
Angelic Upstarts — Like father, Like son
J’aime ce nouvel album des gars du nord de l’Angleterre, Mensi chante aussi bien qu’en 80 ! A chaque fois que nous avons écouté le disque dans le camion cette année, les jeunes qui m’accompagnaient se régalaient, et je leur ajoutais que quand j’avais leur âge nous écoutions déjà ce groupe. Une belle réussite inter-générationnelle et un grand groupe punk avec son message clair contre le racisme et la lutte contre les inégalités sociales.
Tukatukas — Moin té croi pu
Vous connaissez déjà sûrement ce groupe de La Réunion qui est venu tourner plusieurs fois en France. Je voulais vous partager ce titre chanté en créole qui est une reprise de M.Alain Peters, un classique de là-bas, où j’ai eu la chance de passer quelques jours pour une virée avec Inner Terrestrials. Ils seront à nouveau par chez nous en juillet 2018 ainsi qu’au Québec.
Inner Terrestrials — X
Un des groupes marquant dans ma vie de producteur de disques depuis pas mal d’année. Cet album de 2003 est bien violent avec ses contrastes entre punk / folk / dub, je vous le conseille donc en entier. « X » pour Experiment, les Etats s’acharnent à expérimenter pour améliorer nos vie ou pour faire un max de bénéf sans se soucier de nous ? Que d’émotions en repensant à Paco jouant aussi vite et fort, disparu il y a 3 ans.
The Bellrays — Black Lightning
Nous avons toujours écouté les Bellrays entre potes de l’asso et avons eu la chance de les voir en concert. La suite des Blues Brothers : en mission pour le Seigneur… La soul version punk.
The Ruts DC — Psychic attack
Un titre du nouvel album, c’est mon album de l’année, « Music must destroy », presque 35 ans après « Animal now », un de mes groupe préféré des années 70 qui continue à m’émouvoir encore. Et un trio très sympa hors scene.
Julie Colère — Une fleur fanée
Une chanson en français qui parle de tatouage et état d’âme. J’aime les textes d’Angela et j’ai aimé lire « En-dehors » son dernier livre aussi (que vous trouverez en tapant Angéla Lugrin ). A voir sur scène impérativement.
Devotos — Alien
Le trio Brésilien existe depuis 35 ans et a joué dans tous les états de son pays sauf 1 ! (jetez un œil sur la carte du Brésil vous comprendrez mon point d’exclamation). Nous avons eu la chance de les rencontrer lors de leur première tournée Européenne en 2010 et depuis nous sommes restés en contact à tel point que deux disques sont sortis sur le label et que j’ai voyagé Outre-Atlantique grâce à eux. Ce clip n’est pas d’une grande qualité (le clip « Tudo faz sentido » et d’autres sont meilleurs) mais il a l’intérêt de vous emmener dans leur quartier de Alto José de Pinho (une colline de la grande ville de Recife).
Baraka Face Junta — Hunt Sabs
Depuis 95 et mes concerts de Post Regiment, j’écoute pas mal de punk-rock polonais, si possible avec une femme au micro. Utopia, Eye For An Eye, El Banda… Et puis cette année nous avons eu le plaisir d’accueillir pour un concert à Rennes ce groupe de Kołobrzeg.
Doueslik — 37
Un peu de la chaleur de Ouagadougou / Burkina Faso avec le slameur / rockeurs que j’ai découvert au Soko Fest pile 3 mois avant cette vidéo.
Mamylove Sarambe — Nadiara
Pour finir, j’ai choisi la chanteuse qui me supporte chaque jour. Originaire du Burkina Faso, elle habite en France depuis une douzaine d’années.
Elle parle plusieurs langues africaines, et ce titre nous dit « Je ne peux aimer tout le monde, tout le monde ne peut m’aimer, c’est pas grave, c’est la vie »…