BAK XIII | Aut caesar aut nihil

  • Groupe: BAK XIII
  • Album: Aut caesar aut nihil
  • Label(s): Tenacity records

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  • Style(s):
Aut Caesar Aut Nihil cover

Si vous ne connaissez pas  les Suisses de BAK 13 comme moi il y a 1 an et si vous aimez ce que Kraftwerk, DAF ou Front 242 ont appelé : « électro body music », sorte d’électro-punk très rythmée, vous devriez apprécier cet album. Depeche Mode ou New Order vous intéressent aussi ! C’est encore mieux. Pourtant ce n’est pas la musique qui m’a d’abord interpellé mais plutôt leurs paroles assez engagées, ce qui n’est franchement pas fréquent dans la scène électro-indus. 2 petits extraits :

« Gavés de haine et d’ignorance par nos églises et nos partis. Le coma est bien trop profond. Leur dieu réveil ne sonnera pas. Aveuglés par trop d’orgueil. Nous marchons sur nos échecs tous persuadés que le chemin est pavé d’or et de diamants. La fin est proche, chantons en cœur  dans l’allégresse mes frères et sœurs.  Il n’y a plus rien a espérer ce monde est mort. Tant mieux ! et qu’on en finisse une fois pour toute » ( « Tant mieux »  sur le EP « Until the end » )

« Voici revenu le temps des naufrageurs, des faux prophètes et des marchands de rien. Le terreau semble à nouveau propice, souriant à une agriculture cauchemardesque. Age bête perpétuel, totale complaisance dans l’ignorance la plus pure. Déni pathologique et amnésie sont les symptômes d’une inéluctable agonie culturelle. Encore un tour, une dernière fois. Encore un tour, allez, on y va !  » ( « Le chant du cygne » sur l’album « In omnia Paratus » )

D’accord, d’accord… les paroles sont plutôt sombres, mélancoliques voire cyniques mais si vous écoutez les morceaux (cf. les liens ci-dessus), vous verrez que la musique qui accompagne est généralement assez différente : légère, colorée et électro-pop. C’est ce contraste entre des textes plutôt désabusés et une ambiance musicale bien pêchue avec une bonne dose de fraicheur apportée par toutes les sonorités 8-bit ( cf. les consoles de jeux des années 80 :  Game Boy, Nintendo et Comodor 64) qui est vraiment intéressant et original.

bak xiii

Penchons nous plus particulièrement sur ce 6ème album sorti chez Tenacity records. « Aut caesar aut nihil » s’inscrit dans la lignée des albums précédents. Pas de gros changements… juste les riffs de guitares un peu moins présents, ce qui est normal puisque le guitariste originel a quitté le groupe récemment. Du coup, le synthé et notamment les sons 8-bit qui apportent une touche de « naïveté » et de fraicheur (  » No more problems, no more fears, just a glorious life in a simple world  » { 9 – Living in a Vidéo Games } )  ressortent un peu plus. Musicalement, ça reste donc un mélange d’électro, de pop et de punk avec une boite à rythmes bien percutante pour booster le tout. N’oublions pas les refrains désuets typiques des hits des années 80. Ils sont toujours là et renforcent un peu plus le décalage que j’évoquais plus haut. Parler de pollution ou d’exploitation sur une musique plutôt ludique, çà interpelle forcément ! Tous ces ingrédients mélangés, BAK 13 les maîtrisent incroyablement bien.

Quid des paroles ? Même si vous n’êtes pas expert en Anglais, vous devriez vous en sortir. Quelques titres sont en Français et même en Grec (  » Dance children! But be careful about who’s playing the music… Sing children! But be careful about who wrote the song…  » { 10 -Wake up } ). Pollution, exploitation { 2 – Fear business }, finance mondialisée, oppression religieuse { 7 – The awakening }, Europe forteresse, surveillance et répression… tous les symptômes de nos sociétés malades du capitalisme, BAK 13 nous les rapportent sans concession. Évidemment, il y a un coté assez plombant qui pourrait effrayer mais au final l’ambiance électro-pop-punk arrive à faire passer tout çà, plutôt bien. Le créneau de BAK 13 n’est pas – je crois – d’apporter des solutions toutes faites, mais plutôt de livrer des réalités aussi brutales soit-elle et de laisser chacun(e) trouver ses propres réponses.

J’espère vous avoir donné envie d’aller écouter BAK 13, car ils en valent vraiment le coup. Dommage qu’ils ne tournent pas plus en France ! Les groupes dont la démarche n’est pas simplement une affaire de commerce, mais une envie sincère – on le ressent comme tel en tout cas – de faire bouger les choses, sont suffisamment rares pour ne pas s’intéresser à eux…