1974, une tâche noire dans le ciel, qui vacille entre les Twin Towers ; un funambule qui joue avec la mort. Comme cette guerre qui vient de se terminer, si loin pour ces mères new-yorkaises qui se réunissent dans le Bronx ou l’Upper East Side. Deux quartiers bien différents, mais la même tristesse pour ces femmes qui ont laissé leur fils dans les bras de la faucheuse, et qui se rencontrent comme ça, juste pour parler. Pendant que les larmes coulent dans l’appartement cossu de Park Avenue, dans le South Bronx, Corrigan l’irlandais, protecteur des dépravés, ange gardien des prostituées qui viennent se détendre et pisser dans son appartement miteux, encaisse les coups des macs et se laisse ronger par une maladie qui bleuit son corps, et l’amour interdit par les voeux qu’il a prononcés, pour Adelita, l’infirmière guatémaltèque. Tous ces destins, et d’autres encore, sont pendus à un fil, l’amour, l’amitié, la vie. Comme celui que cet équilibriste, un jour d’août 1974, tend entre deux tours, là-haut, pour la beauté. « Être un instant sans corps et venir à la vie. » Ce livre-là est un réel hommage à l’humanité, celle des petites gens, qui au milieu de la crasse des trottoirs et de la vie, survivent en se donnant la main et en s’aimant, tout simplement. Il est aussi une vraie célébration de la ville de New-York et de la simplicité de ses habitants. Tout cela avec beaucoup de pudeur et de générosité. Un livre dans lequel se plonger.
Et que le vaste monde poursuive sa course folle | Colum McCann
- Titre: Et que le vaste monde poursuive sa course folle
- Auteur(s): Colum McCann
- Éditeur(s): coll.10/18