Quand un groupe se reforme après quinze ans d’absence, on est toujours un peu inquiet. D’autant plus quand on aime ce groupe. Rares sont ceux qui réussissent. Plus rares encore ceux qui poursuivent leur reformation avec un album de cette qualité. Coprod entre cinq labels (Maloka, Zone Onze, General Strike, La Distroy et Deviance), cet état des lieux se présente avec un artwork original bien classe, réalisé par Yann HxC. À l’intérieur, un livret avec toutes les paroles et des illustrations originales, dans le même style que la pochette, inspirées de scènes de révolte ou illustrant les chansons.
Niveau musique, dès les trente premières secondes, on comprend qu’on ne sortira pas indifférent de cette écoute. On s’en prend plein les oreilles ! Mais plein ! Une fois les sirènes d’intro passées, la batterie, un cri et la guitare démarre. C’est du bon son que ça fait du bien par où ça passe ! Dans cet album enregistré et mixé par Spirou, on retrouve Syster, la chanteuse, avec son timbre si particulier et ses lignes de chant travaillées, des choeurs enragés en veux-tu en voilà, un son de grattes qui est bien à eux, de la basse-batterie qui nous rythme tout ça bien comme il faut.
Pour les textes, c’est Jack, le bassiste bavard, qui s’y colle. Et c’est bien écrit. Les thèmes abordés vont de la dénonciation de la société de consommation, du désastre écologique, du contrôle social à des thèmes plus positifs comme les bons moments passés au son du punk rock ou encore un hommage aux piqueteros argentins. Heyoka applique la rotation des tâches et nous propose également « Heuchler », un texte en allemand écrit par Syster qui, en chantant dans sa langue natale, laisse éclater une voix encore plus rageuse. Ou « Manifeste », une chanson où c’est Vinvin (guitare) qui donne de sa voix éraillée. Un album sincère et réussi, dans la continuité de ce qu’a fait le groupe par le passé (sans pour autant être du réchauffé) et qui fera très certainement date.