Thierry Guitard nous raconte sa rencontre avec le punk et la prison. Difficile de décrocher ! Son histoire est passionnante. Ajoutez un style de dessin caractéristique – simple et coloré – et vous obtenez une des plus intéressantes BD de l’année 2021.
Merci à Martin Barzilaï pour la photo de une.
En quoi le punk as influencé ton dessin ? Si tu n’avais pas rencontré ce mouvement dans les années 80, est-ce que tu aurais pu devenir par exemple employé à la RATP ?
En rien. C’était le mouvement qui me correspondait le mieux, je n’ai rien eu à changer, que ce soit au niveau du dessin ou de mon état d’esprit. Depuis tout petit, je veux devenir dessinateur. Je ne me voyais pas faire autre chose : se lever tous les matins pour aller faire un boulot qui ne nous plaît pas, quel enfer ! Non merci…
Comment est né le projet de cette bd autobiographique ?
Un soir, je racontais mon parcours chaotique à un ami dessinateur, Killoffer. Il m’a aussitôt suggéré d’en faire une BD. Elle devait sortir à l’Association, et finalement, elle est parue chez Nada, et c’est très bien ainsi. Mes éditeurs, Rachel et David, ont fait un super boulot !
Est-ce facile de raconter sa propre histoire et de se dessiner ?
Ça ne m’a pas gêné plus que ça ! En m’y attaquant, je savais que j’en avais pour longtemps, même si dans « Tout ou rien » je ne traite que les vingt premières années de mon existence. J’avais tellement de choses à dire. Je n’ai pas eu une vie facile…
Dans ta bd, tout est raconté de manière assez précise, où avais-tu rangé tous ses souvenirs ?
Dans la première case de ma BD, je dis : « à 19 ans, bloqué dans 9m2, je m’évade au travers de voyages intérieurs. Cela me permet de faire le point sur moi-même »… J’ai pratiqué cette discipline régulièrement, tous mes souvenirs sont bien ancrés au fond de moi. Faut dire que j’ai eu une vie particulière, avec des passages impossibles à oublier…
Pense-tu qu’un jeune de Saint-Ouen l’Aumône d’aujourd’hui peut se reconnaître dans ta bd ?
Les choses ont changé depuis, mais n’ont pas vraiment évolué, c’est toujours la même merde !
J’ai de très bons échos de mon livre de la part de jeunes, de Saint-Ouen-L’Aumône comme d’ailleurs… Ça fait plaisir !
Tu passes au N&B quand tu évoques la prison. A quel point ces années ont-elles marqué ta vie net d’ailleurs l’ont-elles marqué plus particulièrement ?
Ce n’est pas évident de se retrouver enfermé, surtout quand tu n’es qu’un gamin !
J’en suis ressorti avec beaucoup de haine et de rage. On m’a volé une période de ma vie !
Le noir et blanc (et le gris) étaient plus appropriés pour illustrer ce passage de mon existence.
Tu habites pas loin de Perpignan, ville administré par un maire d’extrême droite Louis Aliot. Selon toi, les artistes doivent-ils continuer à collaborer avec l’équipe municipale, jouer dans les lieux culturels de la ville, etc, ou non ?
Chacun fait ce qu’il veut selon sa conscience.
En ce qui me concerne, je ne travaille plus avec ceux qui sont financés de près ou de loin par ces énergumènes.
No pasaran ! Heureusement, il reste quelques lieux indépendants comme le Pyreneon, le TET…